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an Mc Gilles n’est plus et c’est sans surprise qu’il échoue en Enfer. Mais, à peine arrivé, le voici pris dans une tentative insensée d’évasion ! Bien que l’idée soit absurde en soi, le voilà parti, espérant sans doute tromper les sœurs de Miséricorde et échapper à la meute de l’Équarrisseur…
Avec Volage, paru aux éditions Daniel Maghen, Stephen Desberg explore les rives du Phlégéthon et la partie sombre de l’Humanité, celle qui tue son prochain sans remords puis s’en absout en s’ouvrant les portes du Paradis ou en précipitant les vaincus dans les feux du Tartare. Sous forme d’un voyage initiatique à travers des contrées n’ayant que la désolation comme ligne d’horizon, le scénariste franco-américain invite le lecteur à visiter un pays que Dante avait déjà pris soin de cartographier ; et si Volage comme Ian ne sont pas Paolo Malatesta ni Francesca da Rimini, le parallèle ne manquera pas d’être fait. De même, il ne peut en être autrement avec l’autre référence en la matière qu’est Jérôme Bosch, auquel le trait de Tony Sandoval rend hommage par le biais d’un bestiaire aussi fantastique que démoniaque et un univers graphique torturé, violent et sanglant… à mille et une lieues de Oscuro en Rosa. Toutefois, et sans aller à l’encontre d’un scénario dont il convient de souligner l’inventivité, il est dommage que celui-ci réduise les pavés de l’Enfer à une annexe du bagne de Cayenne et privilégie les canons ecclésiastiques d’antan où l’expiation des fautes passées passaient avant tout par le tourment incessant de la chair et non de la psyché !
Road movie démoniaque et conte moderne, Volage se termine cependant sur une note pour le moins anachronique en ces lieux de perdition… À croire que tous les damnés ne finissent pas en Enfer !
Bienvenue en enfer avec cette chronique un peu spécial ! On va suivre un homme, Ian McGilles, qui se retrouve avec un groupe d'individus peu recommandables venant des siècles passés.
Ainsi, on retrouve en enfer le fameux Jack l'éventreur ou encore un soldat nazi quelconque ainsi que Locuste l'empoisonneuse. Plus étonnant, on y compte également une reine de France à savoir Isabelle de Castille connue pour avoir favorisé l'Inquisition responsable de la mort de milliers de pauvres gens.
C'est toujours un choc de se réveiller en enfer mais je dirai que certains l'ont vraiment mérité. Ce n'est pas vraiment le cas de notre héros qui a été un soldat télépathe. Il a perdu une femme mais va retrouver une autre sous la forme d'un ange déchu qui s'était amouraché d'un démon. Il y a des choses qui ne se font pas.
Sinon, il s'agit d'une course poursuite dans les enfers pour essayer de s'en sortir et retrouver le monde des humains où certains démons peuvent également y faire une incursion. On va avoir vraiment peur de l’Équarrisseur et ses chiens qui traquent sans relâche les fuyards damnés mais résistants.
J'ai beaucoup aimé le graphisme de cette BD signé par Tony Sandoval qui est véritablement époustouflant au niveau du décors. Même les couleurs semblent être adaptés à cet environnement plutôt hostile. On se croirait dans un tableau de Bosch !
Sinon, j'ai également apprécié l'originalité de cette idée même si la trame du scénario demeure assez classique et sans surprise. Mais bon, cette virée en enfer vaut le coup de lecture et le coup d’œil. Une vraie BD infernale !
Un au-delà sans pitié, un enfer que l'auteur de la divine comédie aurait adoré. Des personnages condamnés à errer dans les limbes poursuivis par l'Equarisseur et sa meute sanguinaire.
Percutant, dantesque, oppressant, sauvage, immense... tout ce qu'on attend d'une excellente bd, un feu d'artifice graphique, une vision de l'enfer unique, bref un chef d'oeuvre.