L
a colère enfle parmi les éleveurs Samis du Finnmark. La déforestation et le réchauffement climatique ont un impact direct sur l’alimentation de leur bétail. Ne pouvant plus accéder au lichen, les animaux doivent être nourris de graines et de foin onéreux. Au lendemain d’un rassemblement auxquels ils ont assisté, Lotta, Solveig et leur père constatent que leurs rennes sont désormais pourvus de bois gigantesques les empêchant de se mouvoir. Effet secondaire de la nourriture industrielle ou sorcellerie ? L’apprentie chamane décide de découvrir de quoi il retourne. Mais pour cela, il lui faudra maîtriser le langage des arbres. Et s’il en est un qui le connaît, c’est cette fichue « crotte de glouton » d’Élias…
Après Les renards de feu, Marie Zimmer et Ofride proposent une nouvelle aventure dépaysante aux jeunes lecteurs. Alors que les légendes du Grand Nord avaient composé le lit du premier album, ce deuxième volet prend un caractère plus écologique, tout en conservant le côté onirique avec l’intégration d’un conte et d’une échappée fantastique. La scénariste, autrefois éducatrice spécialisée et passionnée de théâtre, livre un récit qui met en perspective les dommages de l’action humaine sur l’environnement et dont la solution est tournée en jolie fable. Elle s’appuie sur les caractéristiques des protagonistes déjà ébauchées pour leur permettre d’apprendre à œuvrer conjointement et à vaincre certaines inimitiés. La leçon se déroule avec fluidité et bienveillance. Malgré un dénouement un peu trop heureux au regard de la réalité, il convient de reconnaître que la thématique abordée saura susciter curiosité et intérêt chez le public visé.
De plus, la qualité du dessin d’Ofride ne laisse guère indifférent. Son trait se révèle agréable et sa mise en couleurs colle très bien à l’ambiance cotonneuse du long hiver nordique. L’expressivité des différents personnages, le soin apporté tant aux paysages qu’aux vêtements et autres éléments de décor confère vie et énergie à l’ensemble. Le découpage plutôt efficace et quelques cadrages réussis, en sus d’une bonne lisibilité, rendent les pages suffisamment dynamiques. Enfin, si les teintes oscillant entre les blancs et les bleus glacés rappellent forcément sous quelle latitude se passe l’histoire, les nuances plus vives du monde magique de la forêt apportent une touche gaie et réconfortante.
Le murmure des arbres est l’occasion d’une évasion dans les étendues neigeuses de la Norvège, à la découverte d’une ethnie, de ses coutumes et de ses mythes. À lire.
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