S
eth Armitage, professeur à Harvard, se rend en Mongolie pour porter secours à son ami Calvin Tanner, parti à la recherche des vestiges des Tchos-tchos, une société d’êtres monstrueux apparentés aux humains. Il en revient meurtri, au bord de la folie, le dos marqué d’un mystérieux tatouage. Déchu de ses fonctions professionnelles, il n’y a que l’Université Miskatonic à Arkham qui accepte de l’employer. Les phénomènes étranges l’accompagnant dans la petite ville de la Nouvelle-Angleterre, il mène l’enquête avec la journaliste Skylark Duquesne et un certain Howard Phillips Lovecraft.
Richard D. Nolane inscrit son récit dans la mythologie du Cthulhu, tout en s’assurant qu’il soit accessible au non-initié. L’histoire est fondamentalement une investigation sur des manifestations inexplicables et elle est construite comme un roman à énigmes. De l’Asie au village imaginaire du Massachusetts, en faisant un détour par les fumeries d’opium du Chinatown de San Francisco, l’auteur sème les indices et tisse doucement sa toile. Il se passe beaucoup de choses dans ces cinquante-quatre pages, peut-être un peu trop puisque la narration apparaît par moments syncopée, particulièrement vers la fin de ce premier tome.
Le travail de Manuel Garcia sert bien la narration. Son trait charbonneux assombrit le dessin et accroît l’impact des nombreuses séquences, tant nocturnes que diurnes. La colorisation très foncée de Dijjo Lima contribue également à cultiver le climat d’étrangeté. Bref, les illustrations sont aussi sombres que le propos, au risque, parfois, d’altérer la lisibilité. La composition de certaines planches semble pour sa part influencée par l’esthétique du comic, avec empilade de cases et absence de gouttière. D’autres, plus sagement structurées en trois ou quatre bandes, rappellent davantage la tradition européenne.
Sans réinventer la théogonie lovecraftienne, Arkham mysteries constitue une agréable variation sur un univers connu.
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