L
a fin de l’année approche dans la forêt. Comme chaque année, tout le monde s’arrache les noisettes, l’ingrédient incontournable des recettes de Noël. Les castors attirent à eux le gros de la clientèle avec une offre imbattable : deux sous le kilo ! Papi Pic en vend aussi, seul dans son coin. Au tarif de six sous le kilo, il se retrouve avec une bonne partie de sa marchandise sur les bras. Mais pour lui, ramasser les noisettes à l’automne représente du travail et il faut payer le juste prix. Le loup en slip lui faisant remarquer qu’à ce montant-là, il n’en écoulera pas beaucoup, le pic épeiche se résigne « bawi, je sais bien » !
Depuis 2016, le Loup en slip s’est imposé comme un évènement attendu de la production jeunesse. Chaque fois, un sujet sociétal ou d’actualité est traité avec la subtilité et l’humour qu’il convient pour que le message soit digeste pour les jeunes lecteurs. Ce sixième opus ne fait pas exception à la règle. Ici, la société de consommation est au cœur du sujet et plus particulièrement l’envers du décor de la vente de masse à bas prix (stratégie, notamment, des enseignes dites de hard-discount). Dès le début, l’impact de cette pratique sur les petits commerçants (dont le pic est le fier représentant) est mis en évidence. Mais plus encore, le loup est rapidement confronté à la réalité de la surproduction, de l’emploi d’OGM (ou équivalents) et des conditions précaires de travail. Bref, tout ce que les habitants de la forêt ne voient pas lorsqu’ils courent acheter leurs noisettes à deux sous. Ce niveau de lecture, profond (et peu réjouissant lorsqu’il est envisagé pour notre propre société), n’enlève toutefois rien à la fluidité et à la légèreté de la nouvelle aventure du héros en sous-vêtement. Les dessins de Mayana Itoïz y sont pour beaucoup, jouant avec adresse avec les multiples expressions des personnages et saupoudrant l’ensemble de quelques gags secondaires.
Dans la parfaite continuité des précédents tomes de la série, Le loup en slip dans cache-noisettes trouve une nouvelle fois le dosage parfait entre discours engagé et poésie.
« À la fin de l’envoi… mon slip » - Le loup.
Un album à double niveau de lecture, qui permet de traiter de la mondialisation actuelle avec ses enfants !
Un album moyen
Moyen pour la jeunesse, à la lecture je me demande si l'écriture est bien ciblée pour les jeunes. Les adultes comprendront probablement plus le message de la BD que les jeunes. C'est dommage pour un album qui se veut être jeunesse. C’est d’autant plus dommageable, que ça aurait pu être un excellent album pour les plus jeunes si l’écriture avait été dirigée vers eux. Les plus âgés pourront prendre du plaisir avec le thème, mais le dessin est jeunesse et pourront les rebuter.