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out commence à Bab-el-Oued, dans l'Algérie encore française. Louis et Michel Acariès grandissent dans l'insouciance avant que l'Histoire ne les rattrape. Leur père milite contre l'indépendance avant d'être exilé d'office vers la France. La famille débarque en 1962 et se retrouve en butte au racisme anti pied-noir. Une fois fixés à Marseille, d'où ils peuvent sentir le parfum leur pays natal, les frères décident de perpétuer la tradition familiale et s'essayent à la boxe dans le plus grand secret. Si Michel se débrouille, c'est Louis qui se démarque par un talent évident. Très vite, il faut se rendre à l'évidence. Il y a de l'or dans ces gants. Bénéficiant de la bénédiction paternelle, ils se lancent. L'un monte sur le ring tandis que l'autre remplit les rôles d'entraîneur, soigneur et manager.
Basé sur l'autobiographie de Michel Acariès, À bout de bras raconte la folle ascension de deux frangins inséparables. Seuls et contre toute attente, ils ont gravi les échelons dans l'univers impitoyable de la boxe. Sans en posséder les codes ou les relations, ils vont passer par toutes les émotions, tutoyant les sommets, mordant la poussière pour se relever et repartir à l'assaut, encore et encore, rêvant à la consécration suprême : le titre mondial.
Ce livre se compose clairement de deux parties malheureusement inégales. Autant les pages sur l'enfance des gamins jusqu'aux débuts amateurs sont réussies et passionnantes, autant celles qui racontent la carrière professionnelle du boxeur et les coulisses guère reluisantes de ce sport semblent plus laborieuses et manquent de souffle. Les souvenirs de gosses confrontés à la violence du monde des adultes paraissent plus universels que le récit de leur ascension depuis la cave de la villa familiale des faubourgs de Bab-el-Oued jusqu'à Paris-Bercy. Il faut aussi noter le très beau travail de Sagar, pour sa patiente reconstitution des différentes époques et sa représentation très vivante des séquences d'entrainement et de combat.
Cette bande dessinée se lit comme une saga familiale, retraçant deux destins exceptionnels. Séduisante dans un premier temps, elle perd progressivement son souffle pour finir par ronronner gentiment. D'un côté, il est difficile de ne pas être admiratif devant le parcours accompli. Mais pour qui ne s'intéresse pas particulièrement à ce milieu, l'intérêt est vite limité.
On va suivre le parcours des frères Michel et Louis Acariès qui furent des champions de boxe réputés. Cela part d'Alger qu'il a fallu quitter dans l'exil en juin 1962 après la guerre (et non les événements) au quartier de Marseille où le combat a véritablement commencé.
C'est une lecture plutôt avenante grâce à un graphisme qui a permis un dynamisme de ce récit. J'aime bien quand le trait du dessin donne envie. La boxe n'est guère mon dada mais cette immersion permet de s'y intéresser d'autant que c'est une histoire vraie. C'est comme une success story de gens qui perdent tout en quittant précipitamment leur pays et qui se reconstruisent grâce à leur talent. Après l'exode, les honneurs de la patrie reconnaissante !
Après un départ assez tonitruant, cette saga familiale va un peu peiner dans son développement. Pour autant, on s'accrochera jusqu'au dernier round pour découvrir ces véritables icônes de la boxe française et même dans le monde. Dommage car ce titre est passé un peu inaperçu au moment de sa sortie. La lecture est certes longue et parfois ardue, mais j’en suis ressortie sonné.
Bref, que l'on soit fan ou pas de boxe, c'est toujours intéressant de découvrir des talents qui font rayonner notre pays et qui apportent un peu de joie et de satisfaction. Cela dépasse même le sport car c'est avant tout une aventure humaine dans la passion et la solidarité familiale.