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ien qu'il l'ignore, Ambroise, harpiste professionnel, est devenu la proie d'une créature étrange, capable de prendre l'apparence qu'elle désire. Il en croise différentes incarnations sans le soupçonner. Parfois, toute tentative de contact tourne court, tant le jeune homme est difficile à approcher. À d'autres moments, une relation se noue, sans pourtant atteindre le but poursuivi par la métamorphe : une forme d'amour exclusif qui vire à la possession pure et simple. Cette dernière multiplie les tentatives pour assurer son emprise : une amitié virile, une petite amie mystérieuse et surtout une mentor, lorsqu'elle endosse le rôle de Francesca Forabosco, une cantatrice excentrique et exigeante. Cette dernière passe avec lui un étrange marché : relever quarante-sept défis afin de gagner la harpe de ses rêves. A chaque succès, il gagne une corde, mais au moindre échec, il perd tout.
En quelques albums à peine, Timothé Le Boucher s'est imposé comme l'un des nouveaux auteurs qui comptent dans le monde de la bande dessinée franco-belge. Il entame ici, avec le premier volet de ce diptyque, son œuvre la plus ambitieuse qui est un mélange de thriller psychologique, de récit fantastique et d'érotisme. Le style de l'auteur est affirmé et n'est pas fait pour laisser indifférent. Il revendique une certaine influence manga, citant explicitement les shonens, mais son travail évoque aussi Suehiro Maruo par son élégance froide et un certain goût pour la monstruosité. Visuellement, le dessin très lisse paraît parfois désincarné et sans épaisseur. Les personnages, surtout secondaires, manquent singulièrement de substance, comme s'ils n'étaient que de simples marionnettes au service d'un dessein qui les dépasse. Pourtant, le lecteur se laisse lentement happer par le piège dans lequel le héros tombe inexorablement. La construction est fluide même s'il y a quelques longueurs. Une centaine de pages auraient peut-être pu être sacrifiées sans que la qualité du scénario n'en pâtisse. S'il est évident que ce tome ne dévoile que le strict nécessaire avant que le scénario ne s'explicite complètement, de nombreux indices laissent supposer que la conclusion réservera quelques surprises.
Reste que ce livre pèche parfois par un côté paradoxalement bien trop sage. Dans cet étrange jeu de séduction, la tension érotique est omniprésente. L'obsession de l'entité pour le héros s'exprime à de multiples reprises par l'entremise de plusieurs alter ego. Cela peut être dans l'intimité d'une relation de couple, ou, de manière plus intense, lors de bacchanales étranges qui rappellent les orgies de Eyes Wide Shut ou encore de jeux sexuels qui flirtent avec le SM. C'est comme si l'auteur n'osait pas assumer pleinement la dimension sensuelle de son récit. Il reste dans un entre-deux. Il montre trop sans en montrer assez. Alors que beaucoup n'hésitent pas à coller des scènes de cul qui ne servent pas l'intrigue, c'en est presque ironique de se retrouver face à une bande dessinée où elles auraient été justifiées, et même nécessaires, mais font défaut. L'idée était peut-être, à l'inverse, de jouer à fond la carte de l'allusion, suggérant sans rien monter, comme lors de cette première rencontre entre Ambroise et Francesca, au cours d'une séance fétichiste. Mais alors certains passages sont trop explicites pour entretenir la frustration. Embrasser l'attirance des corps ou porter l'affrontement au niveau des esprits. Dans un rapport de domination, ce parti-pris aurait été pertinent. Il aurait fallu choisir. Le sentiment reste donc relativement mitigé. Malgré tout, la dernière scène, bien qu'attendue, donne indéniablement envie de lire la suite.
J’avais adoré « Ces jours qui disparaissent », j’avais été moins convaincu par « Le Patient » dont je ne me souviens même plus trop, en fait…
Là, je suis entre les deux.
Pas de surprise sur le dessin que j’ai appris à connaître, cet esthétisme un peu froid, la ligne claire efficace qui tient un peu à distance mais qui est hyper précise… Et ces plans excellents, de temps en temps, des cadrages surprenants, un très joli jeu avec l’eau…
J’ai retrouvé l’ambiance déconcertante de l’auteur, presque dérangeante parfois, mystérieuse et fantastique, cette rencontre entre le surréalisme magique et le quotidien.
Et puis cette ambiance est renforcée par le mystère, qui est cette cantatrice, pourquoi ce pouvoir, quel est son but, pourquoi Ambroise ? Le début marche d’ailleurs super bien, parce que l’auteur prend le temps de poser ces bases déroutantes qui interrogent…
Hélas, si on a beaucoup de question, on a bien peu de réponse…
Happé par le premier tiers, j’ai trouvé assez vite qu’on tournait en rond. Une épreuve par corde, la première, sympa, la seconde, cool, troisième, ok… Arrivé à la 15ème, même si elles sont différentes et peuvent mener à chemin initiatique, on a compris l’idée et ça tourne en rond… Pire, si la cantatrice propose tout ça pour en faire un meilleur musicien, rapidement, ça tourne au développement personnel…
Et tout est un peu comme ça, redondant.
L’enquête dans l’orchestre pour savoir qui envoie des lettres n’est pas super palpitante au départ (parce qu’on nous annonce qu’il y a des lettres oh là là mais comme ça ne met personne dans un état de déprime, de fureur, de danger, ce n’est pas prenant) et tourne rapidement en rond pour nous expliquer régulièrement que c’est quelqu'un mais on ne sait pas qui…
On ne saura pas en presque 400 pages, qui sont ces gens étranges, ce qu’ils font, pourquoi.
Comme la grenouille dans sa casserole, on d’habitue tranquillement à tout ce qui se passe, rien n’étonne et si j’ai bien aimé l’ambiance et reconnaît la qualité de style, j’ai trouvé que l’histoire se diluait un peu trop et aurait mérité plus de rebondissements, d’informations, aller plus loin…
Bien que ce ne soit pas le type de BD qui m'attire beaucoup à l'origine, j'ai tenté l'aventure avec quelques appréhensions sur un pavé qui s'annonce assez massif quand même.
Au final je ne regrette vraiment pas : je l'ai avalé assez vite et ce livre ne laisse pas indifférent !
Le mélange dessin/scénario traduit bien ce va et vient permanent de sentiments contradictoires : le trait possède une vrai élégance et donne envie d'explorer tout en se montrant assez froid et pouvant donner une impression de vide, voir de manque d'expression des visages. En réalité, et quand on accepte de rentrer dedans, le trait s'avère vraiment efficace et passe du beau au monstrueux en un rien, c'est très juste, même si le dessin n'est vraiment pas vibrant et peut paraître assez statique, les sentiments passent dans un rien et les regards sont saisissants parfois.
l'histoire explore beaucoup de sentiments et d'attitudes parmis les plus vils (trahison, harcèlement, emprise, mensonge, jalousie, manipulation, humiliation, ...). C'est dérangeant et ca frôle toujours avec le pire sans jamais basculer vraiment.
La tension est réelle et la scénario diablement bien mené. A voir si le côté obscure restera à la baguette ou non.
pas mal d'attentes sur la suite et bravo à l'auteur
Magnifique, patience pour faire le tour de ce livre, qui comme certains films de clint eastwood, nous montre que la nature des êtres est rarement en surface ...
J'ai beau être en vacance, avoir du temps (de sieste) pour lire, là, je n'y arrive pas.
C'est long, c'est chiant, c'est pénible, tout ces mutants...
Ces vies sont trop éloignées de la mienne pour que j'y trouve un quelconque intérêt. Aucun personnage n'est normal, et à force, ça lasse. La foire aux monstres, ça va 5 mn.
C'est dommage, en prenant plus de temps, en condensant ses travaux, ce dessinateur pourrait faire quelque chose de mieux.
Là, c'est vraiment du roman graphique (au sens péjoratif du terme), avec trop de libertés laissée à l'auteur.
Je n'ai pas réussi à tenir jusqu'au bout, c'est trop ch... long.
Comme à chaque fois avec Timoté Le Boucher, préparez vous à être désarçonné. Dans ce roman graphique, qui constitue la première partie d'une série, nous découvrons le personnage d'Ambroise, un jeune harpiste. Ce dernier est l'objet de la convoitise d'une métamorphe qui n'hésitera devant rien pour arriver à ses fins.
Le scénario est d'une puissance inouïe, transportant le lecteur dans un univers étrange et envoûtant. Timothé Le Boucher joue avec les perceptions de son personnage mais également avec celle de son lecteur. Le scénario est complexe mais aussi terriblement prenant. J'ai lu cet énorme roman graphique d'une seule traite et je l'ai terminé le souffle court et complètement ébétée.
Esthétiquement parlant, j'ai reconnu le style de Timothé Le Boucher d'un seul coup d'oeil. Les traits fins, les décors épurés et les couleurs très tranchées marquent la patte de l'illustrateur. J'aime toujours autant cet esprit graphique
Bref, 47 cordes est un thriller psychologique fascinant.
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Il est des univers dans lesquels parfois l'on plonge, sans savoir ce que l'on va en retenir. C'est mon cas de ce début de série, qui tient plus du roman graphique que de la classique école franco belge (dont je suis un amateur inconditionnel).
J'ai été conquis par le graphisme, à la fois épuré et audacieux, de Timothé Le Boucher dont je n'avais lu aucun des précédents albums.
Le scénario, mâtiné de fantastique, est tout à fait captivant.
Un excellent premier tome (374 planches !) d'une série que je suivrai de près - avec grand plaisir.
Il est extrêmement rare que j'achète une BD sans en aimer le dessin. C'est pourtant ce que j'ai fait avec "47 cordes".
Je l'ai fait car je sais que Timothé Le Boucher écrit ses histoires avec une grande finesse. Elles distillent une étrangeté très particulière, un parfum d'inquiétude que j'apprécie beaucoup. Il accorde également une importance majeure à la psychologie de ses personnages et sait jouer de mille petites subtilités pour affiner leurs caractères. En un mot, c'est un grand scénariste.
Il est sans doute aussi un grand dessinateur mais je ne parviens pas à apprécier son trait à sa juste valeur, question de style. Il est beaucoup trop aseptisé pour moi.
Je reconnais toutefois qu'il arrive à insuffler de la vie et du mouvement à ses acteurs grâce à un équilibre harmonieux des corps, des positions justes, un design impeccable et des cadrages élaborés. Je n'y suis pas sensible mais c'est un travail graphique remarquable.
Tout ça pour dire que "47 cordes" coche toutes les cases. C'est une œuvre impressionnante et réussie à tous points de vue. En tout cas dans le registre visé, à savoir le conte fantastique, ça fonctionne à la perfection.
Il y quelque chose de très théâtral dans tout ça mais ce n'est pas un défaut, bien au contraire. C'est justement ce qu'il fallait dans ce contexte de faux-semblants, de polymorphisme et de métamorphoses. Plus d'action ou plus de réalisme aurait ruiné cette élégance froide et raffinée, parfaitement adaptée aux décors quasi surnaturels, trop luxueux pour ne pas être suspects. Et c'est cet aspect qui provoque la dimension hypnotique et obsédante indispensable à la trame. Entre illusions et fantasmes, une atmosphère vénéneuse se répand dans ce qui devient peu à peu une scène où se jouent les destins.
Cet univers artificiel, incertain, vaguement décadent est le terrain de jeu de la métamorphe, une insaisissable créature qui a jeté son dévolu sur Ambroise, le héros qu'a choisi l'auteur pour lui servir de proie. Je le trouve assez terne et peu attachant mais par effet de contraste, il fait de la métamorphe la véritable héroïne du récit - et une grande héroïne tout court - que j'ai vraiment appris à aimer au fil des pages. Malgré son charisme magnétique, ses pouvoirs de déesse et sa dangerosité, elle est pénétrée par une forme de vulnérabilité qui la rend magnifique.
En conclusion, 47 cordes possède ce qu'il manque trop souvent aux autres productions : l'ambition.
Timothé Le Boucher se donne les moyens d'explorer l'univers qu'il imagine dans les moindres recoins, de le faire exister en prenant tout son temps pour y installer un climat de tension fascinant, y faire planer une menace indistincte sur des êtres devenus objets d'enjeux qui les dépassent. Tout cela fait sens et réussit immanquablement à interpeller le lecteur.
Cet album est captivant, solide et réalisé avec grand talent.
La barre est haute... Si la deuxième partie se maintient à ce niveau, le 9ème art aura gagné une nouvelle référence.
J'aime bien (sans être ultra enthousiaste non plus) les histoires de cet auteur, même si je place sa toute première au dessus de lot.
Cette histoire , du moins sa première partie, est dense, curieuse, étonnante à bien des égards, mais parfois un peu trop longue aussi.
De plus, j'ai toujours beaucoup de mal avec la colorisation de ses œuvres : elle est très froide, très fade, très photoshop de base. Et je n'aime pas ça du tout.
L'œuvre la plus aboutie de Timothé !
Quel album !!!!
380 pages d'un ballet narratif hypnotique et envoutant d'une précision et d'une maturité absolument prodigieux.
On retrouve encore une fois une histoire qui tourne autour de la psychologie humaine, sujet ou il y a matière à raconter beaucoup de choses.
Et ça se vérifie encore une fois ici avec la première partie de cette œuvre dense, ambitieuse mais ô combien maitrisée.
C'est très bien construit, scénarisé et mis en scène avec ce dessin très terre à terre facilement identifiable.
Je n'ai pas pu décrocher jusqu'aux dernières pages qui donnent furieusement envie de découvrir la suite.
J'ai été subjuguer par la bonne cinquantaines de pages se déroulant pendant la fête d'halloween au château.
Qu'est ce que c'est bien construit !!!
On entre dans une valse hypnotique et fantastique absolument incroyable. Ce passage m'a presque envouté. C'était tellement puissant !!! Whouaa !!! J'ai reçu une grosse claque !!!.
Timothée Le Boucher est au sommet de son art, à la fois narratif et graphique. Je suis absolument fan de son travail.
Il a un tel regard sur l'homme et sa psychologie... Malgré son jeune âge, il a une maturité et une analyse assidue sur la complexité humaine...
Merci de nous avoir fait vivre cet incroyable album qu'est 47 Cordes.
Vivement la suite !!!!!
Superbe œuvre que nous offre Timothée le Boucher ! Ce n'est pas pour rien que j'ai littéralement épousé son avatar tiré de sa première œuvre « Les jours qui disparaissent ». Puis il y a eu la consécration avec « Le patient ». Là, avec 47 cordes, il excelle véritablement dans son art.
On retrouve bien entendu ses thèmes favoris: l'obsession, la fascination, le désir et l'identité. Cependant, tout est dans la manière de nous les présenter et cela plus que satisfaisant à tous les niveaux.
En ce qui cocnerne la forme, son trait est beau et maîtrisé. Par ailleurs, la mise en page est très efficace. J'ai adoré ces planches de toute beauté qui épouse parfaitement le récit. C'est un graphisme superbe qui est totalement abouti techniquement avec un résultat séduisant. Les corps sont par exemple magnifiés par la grâce et l'élégance du dessin raffiné. Bref, c'est du grandiose !
Plein d'intelligence, le scénario est également dense et très plaisant à suivre. Certes, il y a de multiples sous-intrigues mais elles semblent se rejoindre et avoir un sens. J'ai trouvé les personnages excellents, bien différents les uns des autres tout en étant originaux et très justes. Il y a une profondeur dans les dialogues et dans les situations qui font presque frémir. C'est formidablement bien raconté. J'ai été en permanence captivé, plongé dans ces histoires multiples et simultanées. Certes, il y a un côté très charnel mais c'est ce qui fait justement le charme de cette œuvre terrifiante, sulfureuse et captivante à la fois.
Et quelle fin de tome après 378 pages de lecture! Cela se termine par un cliffhanger en apothéose qui ne nous laisse pas le choix que de découvrir la suite avec une certaine impatience.
C'est une pièce maîtresse dans ma bédéthèque à mes yeux, presque un classique en devenir. Rien que cela ! En tous les cas, un très haut niveau de prestation. Note maximale.
Attendez vous à un petit chef d'oeuvre, ni plus ni moins.