L
e monde du Comics regorge de cross-over plus ou moins réussis. Lorsque des univers éloignés se rejoignent sous la férule de scénaristes talentueux, cela peut donner tout aussi bien un résultat décevant comme l'inverse. C'est le cas pour ce Lovecraft Infestation proposé par les éditions Vestron.
Cet éditeur s'est fait connaitre dans les rayonnages des librairies, par ses comics adaptés de licences cinématographiques ou animées connues et appréciées des amateurs de pop-culture. Dans cette anthologie, il y a trois des grosses locomotives de Vestron : G.I Joe, Transformers et Tortues Ninjas. Mais pas de manière mélangée, ce qui donne à ce titre un côté très original. En effet, chacune de ces stars plonge dans l'univers des nouvelles du maître de la Providence, le génialissime H. P. Lovecraft !
Lovecraft Infestation est un recueil de quatre nouvelles, chacune ayant ses propres héros, qui doivent affronter une créature lovecraftienne. Après une introduction fort agréable expliquant que le romancier n'a rien inventé mais qu'il était en contact avec les Anciens, le lecteur peut savourer des récits reprenant des nouvelles écrites par le maître du fantastique et adaptées pour l'occasion par des scénaristes différents. Chaque histoire à son duo de dessinateurs et de scénaristes. Ainsi, La maison du monstre est adaptée par Duane Swierczynki et dessinée par Stuart Sayger. Ils transposent les personnages de Trente jours de nuit dans une rencontre avec un Ancien coincé au pôle nord en pleine guerre froide. Dans L'appel du fond du temps, Tobias Muldoon et Nikolas Tesla vont devoir lutter contre une invasion. Ils seront aidé par quelques Autobots qui devront réveiller leur chef, Optimus Prime, pour tenter de remporter la victoire. Ce récit fait suite à un autre comics sorti chez Vestron, Transformers: Heart of steel, mais il peut être lu indépendamment. Le culte de Dunwich se passe dans le New York des Tortues Ninjas. Ces dernières vont tenter de comprendre un phénomène climatique étrange, qui est couplé d'étonnantes disparition. En s'enfonçant dans les profondeurs de la ville, elles feront une inquiétante découverte. Enfin, cette anthologie se termine par Le chant de Cthulhu. Un psychiatre de l'unité Cobra tente de soigner des soldats totalement inaptes et devient le jouet de rivalités entre ses supérieurs dont une qui tente d'ouvrir le portail pour Cthulhu. Un huis clos haletant au final surprenant.
Quatre réécritures de nouvelles fort connues des amateurs de Lovecraft, aux univers graphiques hétérogènes. Par exemple, à la lecture du Culte de Dunwich, le style n'est pas sans rappeler celui de Mike Mignolia. Or le récit est dessiné par Mark Torres et force est de constater que les styles sont proches. Quelle que soit le récit, les dessins sont sublimes et collent parfaitement à l'ambiance lugubre et sombre de la nouvelle de départ.
Un autre des points fort de l'ouvrage réside dans le fait que l'univers du romancier est respecté tout en étant détourné, tout comme celui des séries de comics qui entrent dans les nouvelles. Le défi était de taille sur ce projet, et il est relevé haut la main (ou plutôt haut la tentacule comme dirait Cthulhu). Les aventures sont denses et amènent le lecteur dans cette ambiance sombre et désespérée que seul H.P. Lovecraft a su distiller dans ces écrits.
La qualité du livre est aussi un point fort de cet éditeur. Le papier glacé est épais et les couvertures sont soignées. Ce comic appartient à la collection New morgue de Vestron ,qui comporte des récits plus adultes et horrifiques.
Un recueil efficace, dense et rythmé qui fera la joie des accros de pop-culture, des fans de Lovecraft et des curieux (et des adeptes des Anciens, mais là faut s'inquiéter).
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