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agnant du grand concours d'architecture, Edgard Whitman se voit confier la prestigieuse mission d'achever l'hôtel d'un célèbre businessman. C'est ainsi que le jeune homme débarque à New-York et reste ébahi devant l'imposante façade de l'Empire falls building de Monsieur Vassilian qui n'a d'autre ambition que « d'élever le réel au delà de l'imaginaire ».
Alors qu'il visite l'édifice, impressionné par les réalisations des trois précédents ingénieurs, il constate de troublants signes d'usure. Sera-t-il à la hauteur ?
Jean-Christophe Deveney (Géante, Les naufragés de la Méduse) propose un récit étrange et beau, assurément très riche ; le genre d'ouvrage qui se découvre au fil de ses lectures. Il y a peu de personnages cependant, chacun possède une personnalité propre et complexe. Ainsi le fragile héros suscite beaucoup d'empathie, perclus de doutes, pétri d'ambitions et empêtré dans ses émois. Il change au fil du temps, de ses échecs et des rebuffades de son mécène. Ce dernier, caractériel et charismatique, impose un respect mêlé de crainte. L'unique femme de l'histoire, quant à elle, frêle et fragile, amène une douce amertume. Ce huis-clos a des allures de théâtre, dans ses lignes de texte fines et intelligentes, ses décors, la gestuelle et l'expressivité des acteurs. Infiniment plus qu'une toile de fond, l'immeuble est un protagoniste à part entière : il représente une véritable allégorie du monde. Il influence, contrarie et passionne, il moque, désoriente et déçoit. Mais il faut s'adapter, le dompter et le séduire, sinon c'est la mort.
Le style de Tommy Redolfi s'apparente à celui de Mathieu Bablet dans le design caricatural des personnages ainsi que dans le choix des couleurs. Il en diffère cependant par un aspect brut et des contours plus rugueux, créant une atmosphère particulière et irréelle, une sorte de rêve éveillé. Les très beaux jeux de lumière, de transparence et de contraste génèrent une ambiance à la fois satinée et puissante, vraiment immersive. Les cadrages sont choisis avec pertinence, insistant sur un geste, un visage ou préférant une vue d'ensemble, l'artiste possède une maitrise visuelle certaine. Comme dans Holy wood, il révèle à travers leurs expressions la profondeur intime des individus, leur âme est ainsi mise à nue.
Intelligent et sensible, Empire Falls Building ne prend jamais le lecteur de haut malgré son fond ambitieux et conquiert naturellement grâce à ses nombreuses qualités graphiques et narratives. Une belle réussite.
J'ai tout aimé sauf la fin que j'ai trouvé un peu abscons. C'est un peu dommage.
Nous avons un jeune architecte Edgard Whitman qui se voit proposer un projet d'envergure par un riche milliardaire voyageant aux quatre coin du monde. Il s'agit de restaurer l'Empire Falls Building à New-York qui est une autre version de l'Empire State Building, on l'aura compris.
Il s'agit principalement d'une dénonciation de ses projets architecturaux d'envergure qui vire parfois à la mégalomanie mais qu’entretienne ces bâtisseurs pour se construire une réputation.
Certes, il y aura une histoire d'amour avec la femme de ce milliardaire qui sera un peu plus complexe que prévu.
Il y a une mise en page assez élaboré avec l'introduction d'intercalaires transparentes au milieu de certaines pages où l'on voit des plans. Sur la forme, c'est assez intéressant et très élégant.
C'est une BD qui ne manque pas de charme. Comme dit, la seule chose que je regrette est son final que j'ai trouvé inappropriée dans le genre « tout ça pour ça ». On peut néanmoins tenter une lecture car c'est un objet assez unique en son genre.