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’Alfred Nobel (1833 – 1896), ce qui vient spontanément à l’esprit, ce sont la dynamite qu’il a inventé et les célèbres prix qui portent son nom. Ça ne fait pas beaucoup pour un nom synonyme de grandeur et de savoir. Pourtant, à l’image d’un Gustave Eiffel, d’un Louis Pasteur ou d’un John Davison Rockefeller, il fut un individu connu mondialement durant la seconde moitié du XIXe siècle. Haï par certains, admiré par d’autres, il fait partie de ceux qui ont marqué et changé leur époque. Ingénieur et scientifique de génie ? Homme d’affaires avisé et sans scrupule qui su profiter de l’essor du capitalisme mondial ? Comme toutes les personnalités complexes, il a été tout cela à la fois et bien plus.
Alfred Nobel – le prix de la paix se présente comme une biographie dessinée classique. Le petit dossier en fin d’ouvrage renforce d’ailleurs cette impression scolaire. Sur le fond, c’est évidemment le cas. Christine Oberlinkels retrace l’existence du Suédois avec précision et moult détails. Cependant, elle va plus loin que la simple évocation et propose un véritable portrait psychologique de son héros. Si, d’un côté, c’est un self-made-man brillant à la réussite éclatante, de l’autre, c’est une âme déchirée qui connaît que trop bien le prix du progrès. L’utilisation militaire de ses inventions le mine particulièrement. C’est également un célibataire athée, situation qui le place derechef en porte-à-faux avec les conventions sociales de son temps. De plus, malgré un tempérament ouvert et moderne, il est constamment attaqué par les associations progressistes (socialiste, pacifiste, mondialiste) qui l’accusent de tous les maux. Il réussira finalement à trouver une certaine paix intérieure avec son formidable don à la postérité : cinq prix généreusement dotés, désignés à couronner l’excellence en physique, chimie, médecine, littérature et la paix.
Visuellement, le travail de Lukino se montre un peu en retrait de la richesse du scénario. Sans être catastrophique, le trait s’avère inégal au fil des pages. Riche et précis par moments, emprunté ou maladroit à d’autres, le dessinateur semble davantage surnager que vraiment maîtriser son art. Heureusement, le découpage clair et la mise en page imaginative redressent quelque peu la barre, sans jamais convaincre entièrement.
Malgré des illustrations peu abouties, Alfred Nobel – le prix de la paix n’est pas à délaisser pour autant. En effet, ce biopic fouillé et pertinent permet de découvrir et appréhender dans son ensemble un personnage central et méconnu de l’Histoire récente.
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