«- Et ce matin au réveil, encore quatre de moins ! À force, je vais vraiment perdre toutes mes boules. Docteur, que me conseillez-vous ?
- Mmm… En effet, c’est inquiétant. Je vais être honnête avec vous, votre cas dépasse mes compétences. Je préfère vous référer aux spécialistes du Plateau. Une petite cure itinérante chez eux devrait vous faire le plus grand bien.»
Après une incartade en mode raster 8 bits (cf. La vague gelée), EMG revient au dessin vectoriel 3D de ses débuts. Oui, c’est bien de bande dessinée dont il s’agit ; BD expérimentale, certes, mais narration séquentielle certifiée et assumée. Mieux encore, cette exploration formelle du média se confond avec un récit existentiel et métaphorique à la fois foisonnant et totalement intégré aux audaces du dessinateur.
Un héros en pleine déliquescence tente de se soigner et passe de temple en temple où des guérisseurs appliquent des traitements inclassables dans l’espoir d’une amélioration. Problème, dans ce monde géométrique aux perspectives décalées, tout va de travers. Les questionnements intérieurs sont confrontés à des lignes de fuite aberrantes, tandis que les mots – les phylactères – refusent de se soumettre aux règles de la géométrie euclidienne. Alors que les scènes se succèdent et que le Père Ubu (à moins qu’il ne s’agisse de Dada) semble avoir pris les rênes du récit, les interrogations se multiplient au point que le fantastique devienne logique et finalement acceptable. Vous êtes un peu perdu ? Prenez le temps de revenir en arrière, des indices ont été semés au fil des pages.
Surréalisme, psychanalyse, poésie et pure joie graphique, volt évier z82 est une lecture sans aucun pareil qui ose rêver, tout simplement.
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