N
ous sommes tous le con de quelqu’un. Emmanuel Reuzé en fait une fois de plus la démonstration dans ce troisième volet de Faut pas prendre les cons pour des gens. La formule se révèle fondamentalement simple : l’auteur et ses coscénaristes, Jorge Bernstein, Vincent Haudiquet et Nicolas Rouhaud, ciblent un problème de société et en soulignent à gros traits le ridicule. Les deux premiers volumes s’étant vendus à deux cent cinquante mille exemplaires, tout porte à croire que le procédé à de l’avenir.
Le quatuor parvient à mettre le doigt exactement là où ça fait mal. Il opère toutefois avec une certaine tendresse. Après tout, comme le disait Georges Brassens « Quand on est con, on est con…», et dans ces conditions, il serait malvenu de trop accabler l’imbécile. La mécanique est bien huilée : après une mise en contexte dans laquelle le citoyen lambda se reconnaît, les scénaristes poussent petit à petit la logique de la situation jusqu’à ce qu’elle bascule dans l’absurde ; un même gag aura parfois deux ou trois chutes.
Les pamphlétaires dénoncent tour à tour le manque de ressources dans les écoles, les crèches et les EHPAD, le sort des SDF et celui des chômeurs, le traitement des immigrants, les abus des commerçants, sans oublier la maltraitance des animaux. Au final, le lecteur a l’impression que personne ne trouve grâce à leurs yeux. En fait si, leur tête de Turc appartient rarement à une minorité visible et elle est assez peu féminine.
Comme chez Fabcaro, les planches sont souvent constituées de cases quasi identiques. Cette stratégie, adoptée depuis le deuxième tome, est d’une redoutable efficacité. Le décor se veut neutre et les personnages, de facture classique, bougent à peine et sont dénués d’expression. Cette banalité contraste avec l’ineptie du propos qui s’en voit ainsi renforcée.
Cinquante pages de pessimisme pour rigoler et comprendre ce qui ne va pas en France et dans le monde.
Un album très plaisant pour peu que l'on adhére au concept et à l'esprit.
Les auteurs ont mis de côté le trash et l'irrévérencieux pour aller plus dans l'absurde. Et pour ma part ça fonctionne. La vision des auteurs et leurs critiques de notre monde occidentale et développé n'a pas faiblit, même s'ils ont mis un peu d'eau dans leurs vins.
Clairement un ton en-dessous des deux premiers tomes...
Qui m'avaient pourtant bien fait rire. Pour les fans absolus donc.