D
ans un futur relativement lointain, probablement au XXIIe siècle, l’Europe a « convaincu » la Grèce de céder le Péloponnèse aux réfugiés. Sectes et narcotrafiquants sévissent dans cet espace coupé du reste du continent. Marlowe, une militaire amnésique, est internée en hôpital psychiatrique depuis son retour du Kurdistan où elle a combattu. Elle est dépêchée sur la péninsule pour intervenir auprès d’une intelligence aussi artificielle que mégalomane.
Après avoir déconcerté les bédéphiles avec un premier tome soulevant beaucoup de questions, mais donnant peu de réponses, Jean-Pierre Pécau offre à ses lecteurs une conclusion satisfaisante. Le récit demeure tout de même complexe et les enjeux nombreux. Dans cet univers où les humains côtoient les androïdes, l’auteur évoque différents mythes grecs. L’inspiration la plus évidente semble toutefois être Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad… trois fois plutôt qu’une. Tout d’abord, l’héroïne pénètre dans la forêt de cristal, une jungle contaminée par les plantations d’opium et de coca, à un tel point que toute la végétation y a des propriétés euphorisantes. Ensuite, l’engagée poursuit ses investigations dans une société anarchique où elle est pratiquement sans repères. Enfin, et surtout, à travers cette quête elle tente de mettre un peu de lumière dans sa noirceur intérieure.
Le scénariste porte par ailleurs un sombre regard sur les lendemains du monde. Dans cette époque indéfinie, tous les maux du début du XXIe siècle persistent : les peuples se font la guerre, le commerce de stupéfiants est florissant, le crime organisé prospère, la religion impose ses dogmes, les changements climatiques transforment le bassin méditerranéen en zone tropicale et le vivre ensemble continue d’être difficile, et à cela s’ajoute la cohabitation avec les êtres de métal.
Le dessin de Dim D. témoigne d’un travail documentaire consciencieux. Ses reconstitutions des lieux, souvent en ruines, sont bien faites… peut-être trop. Plusieurs cases amalgament illustrations et photos plus ou moins retravaillées, qui ne s’intègrent pas toujours harmonieusement, d’où un décalage parfois choquant. Cela dit, sa vision de l’avenir se montre cohérente et crédible.
Un propos ambitieux, commandant une lecture attentive. La morale de l’histoire : l’homme est un imbécile, même s’il arrive à concevoir des robots capables de réfléchir. Au fait, il vaudrait mieux qu’il se méfie de ces boites de conserve douées de raison, même si les trois lois de la robotique d’Isaac Asimov figurent sur les pages de garde.
== Avis pour les deux tomes Marlowe ==
J'ai rarement lu quelque chose d'aussi mauvais. Et dans la série Androïdes, ça ne vole déjà pas très haut. Y a-t-il même eu un relecteur sur ces albums? J'ai trouvé des fautes d'accord dans les deux albums, le même mot écrit de deux manières différentes dans la même bulle (Nephilim, Nephelim), et même un bon vieil astérisque qui ne renvoie... à rien du tout! Ils ont oublié de mettre l'explication au bas de la page!
Aïe aïe aïe. Le scénario est plutôt mauvais lui aussi. Une soldate qui part à la recherche d'une I.A. volée qui cherche à s'évader... et qui se retrouve aux prises avec des moines branchés sur la toile en permanence et des narcos qui survivent mystérieusement dans une jungle qui normalement détruit le système immunitaire... Des "légendes urbaines" qui on s'en doute n'en seront pas... Des réactions de personnages complètement saugrenues... Des dialogues souvent alambiqués... Aucun personnage n'est intéressant ni attachant. Franchement, c'est un véritable tohu-bohu.
Malheureusement, je n'aime pas beaucoup le dessin de Dim. D non plus. Le style ne me plaît pas trop à la base, mais le mélange avec les photos numérisées en arrière-plans me donne encore plus envie de fuir... Le dessin, de toute façon, est secondaire ici puisque le scénario vient plomber l'ensemble à lui tout seul.
Aurait pu être une déception si d'autres albums de la série n'avaient pas déjà frôlé le ridicule. Ouf. Deux albums pour ça.