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algré un vol initial reporté pour cause de mauvais temps, c’est plein d’enthousiasme et de curiosité que Philippe atterrit enfin à Cracovie afin d’y passer quatre semaines en résidence d’auteur. Il s’est bien préparé en lisant quelques livres sur la Pologne et s'est renseigné auprès de connaissances au fait de la réalité du pays. De plus, un programme riche, sans être trop chargé, lui a été communiqué. En tant que premier artiste québécois invité, il va falloir faire bonne figure et engranger expériences et rencontres. Un mois plus tard, il est surtout content de rentrer chez lui et d’oublier ce qui a ressemblé à un long cauchemar humide et solitaire…
Le blues du voyageur, dépaysement, sensation d’isolement, incompréhension… Philippe Girard a à peu près tout vécu et ressenti lors de son voyage. À sa décharge, l’accueil sur place s’est révélé inexistant et les différentes interventions prévues ne se sont jamais matérialisées. Laissé à lui-même, il a dû se débrouiller seul et, comble de malchance, il a plu tous les jours. Décontenancé par la tournure des évènements, mais pas totalement abattu, il aura quand même beaucoup essayé pour s’imprégner de la région, allant même jusqu’à aller au théâtre (Hamlet en polonais est une épreuve) ou visiter Auschwitz, histoire de se remonter le moral (pas sa meilleure idée). Évidemment, sur la longueur, il a commencé à cogiter sévère et à déprimer itou.
Sur le plan bande dessinée, l’album commence comme un ouvrage de Guy Delisle. D’abord, des informations diverses, une excitation palpable, des petites anecdotes piquantes, puis ça se gâte et ce travelogue se transforme en une longue agonie habillée d’un incarnat de plus en plus inquiétant. Si une poignée de découvertes se fait encore remarquer, ce sont bien les états d’âmes du scénariste qui prennent la barre du récit. Profondément honnête et sans rien cacher, Girard pose alors sur les pages tous ses doutes et son désarroi. Il se met à mélanger les perspectives pour, finalement, avouer son mal-être. Serait-il devenu trop vieux ? N’arrive-t-il plus à s’adapter aux changements ? Son temps est-il passé ? À quoi bon continuer à se battre avec lui-même pour écrire une énième BD ?
Né de circonstances malheureuses et réalisé dans des conditions difficiles (pendant le premier confinement du printemps 2020), Le Starzec – Un mois à Cracovie est une lecture parfois pesante, toujours prenante et, en fin de compte, très éclairante sur l’âme humaine.
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