C
ancrelune est incorrigible, sa superstition la perdra. Tout ce qui porte chance ou malheur, tout ce qui apparaît comme un signe du destin, elle y croit. Mélusine, assistée de Krapella, essaie pourtant de lui faire entendre raison. Sans pour autant lui avouer que c’est surtout sa maladresse légendaire, associée à une pincée de bêtise, qui lui vaut toutes ses déconvenues.
Mélusine est entrée à l’école des sorciers deux ans avant un de ses camarades de jeux britannique. Pas d’échange scolaire passé ou en vue sous des prétextes linguistiques pourtant, qu’Hermione Ganger range ses griffes. Ils ne jouent pas dans la même cour. Point de saga et de souffle épique pour notre gentille ensorceleuse. Dans le cadre de sa page hebdomadaire point d’orgue de Spirou magazine, elle charme surtout les zygomatiques consentantes en mal de gags, un soupçon répétitifs, qui usent jusqu’à la trame un thème ou qui pressent un personnage à potentiel humoristique jusqu’à la dernière goutte.
Et il faut bien avouer que Gilson se sort le plus souvent avec les honneurs de cet exercice imposé et plutôt casse-gueule. Dans ce 13ème recueil, ce sont les superstitions qui subissent l’épreuve de l’inventaire. Chat noir, échelles, verre cassé, chiffre porte-malheur, rituels, tout y passe. Il reste malgré tout une petite place pour quelques leçons dispensées par des profs bien typés qu’on prend plaisir à retrouver d’un album à l’autre. Les différentes créatures qui accompagnent d’ordinaire la petite rouquine sont des plus discrètes (fantôme, vampire, créature de Frankenstein…) cette fois. Certaines situations sentent un peu le réchauffé, certaines chutes sont un peu prévisibles mais lorsque c’est le cas, on passe à la planche suivante pour tenter de retrouver le sourire. Les exemples de séries qui se sont taries bien avant leur 13ème tome ne manquent pas et ici, à moins de faire la fine bouche, le charme opère.
Car Mélusine en a du charme. Clarke semble prendre toujours le même plaisir à croquer sa jeune apprentie magicienne à chasuble verte et collants noirs. Au point d’avoir prêté sa défroque fétiche à l’une de ses autres héroïnes en début d’année ( Luna Amalden – Dupuis) pour un clin d’œil un brin déplacé et un peu ridicule. Et si sa jolie fée, plus Clochette que Carabosse, plaît surtout aux enfants, le dessinateur semble prendre un malin plaisir à penser à leurs papas en offrant, à l’occasion, à la novice des tenues ou des positions plutôt suggestives. Pas de quoi fouetter un chat (noir ou pas), l’intention transpire avec une manière aussi délicate qu’amusante.
Rien de vraiment neuf sous la pleine lune mais dans l'ensemble on en sort plutôt satisfait de son sort.
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