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elon le célèbre adage tiré du manuel du parfait enquêteur, l’assassin retourne toujours sur les lieux de son crime. Certes, mais quid de la victime ? Son empreinte et les souvenirs que des proches entretiennent d'elle ne pourraient-ils pas aussi venir hanter les lieux de sa disparition ? Foutaises et croyances entre new-age et deuil mal digéré, telle est la première réaction de l’inspecteur qui s’était occupé de ce cas non résolu. Alors, pourquoi sa coéquipière a-t-elle choisi la maison de la disparue pour y vivre ? Pourquoi la mère de cette dernière s’est-elle installée dans les bois où elle a été assassinée ? Pourquoi ? Ah, si les arbres pouvaient parler. D’ailleurs, c’est ce qu’ils font, encore faut-il savoir tendre l'oreille.
Polar cathartique mêlé de roman psychologique, Anthony Pastor et Jean-Christophe Chauzy s’aventurent derrière le dernier lotissement pour s’enfoncer dans la nature avec Par la forêt. Pas la nature sauvage et exotique des documentaires télévisés, non, juste celle qui borde les villes et les banlieues. Celle où les gamins font des cabanes ou fument en cachette et les joggeurs y pratiquent leur sport. Quelques zonards en marge de la société y errent et survivent en mode survivaliste également. Puis, parfois, il y a des incidents, des drames mêmes. Pas facile d’y dénicher des indices, avec ces buissons enchevêtrés et toutes ces feuilles mortes sur le sol. Pourtant, il est impératif de mettre la main sur ce tueur ! En bonne flic obsédée par cette affaire inachevée, l’héroïne s’enfonce de plus en plus dans la forêt. Jusqu’au prix de sa santé et au risque de perdre ceux qui l’aiment ?
Œuvre atmosphérique de peu de mots, l'ouvrage fait la part belle aux non-dits et à l’ambiance. Même le suspens y est diffus. L’important est ailleurs, caché par les branchages et enfoui dans des cerveaux n’acceptant pas la violence froide de la réalité. En totale adéquation avec le scénario, Chauzy a préféré intelligemment éviter de jouer la surenchère et le mystérieux de série B. Bien lui en a pris, car son approche tout en retenue renforce le sentiment de ressenti provoqué par la narration. De plus, comme l’action pourrait se dérouler dans n’importe quel quartier périphérique de n’importe quelle ville, l’immersion s’avère totale.
Conte cruel d’aujourd’hui aux ramifications universelles, Par la forêt est une lecture prenante, un brin étrange, mais terriblement efficace.
C'est une histoire pas drôle et complètement destabilisante après lecture. Je ne peux pas être plus clair pour définir mon sentiment de déception. Certes, je n'ai pas ma langue dans ma poche et il faudra s'y habituer un peu tant bien que mal.
Le cadre est celui d'une forêt où une joggeuse a disparu il y a trois ans. Elle a été certainement tué mais on n'a jamais retrouvé son corps. Une inspectrice black issue de la banlieue enquête encore à la lisière de cette forêt où certaines personnes un peu dérangés entendent encore des murmures.
Puis, il y a la personnalité de cette inspectrice qui rejette les avances de son collègue qui commettra l'irréparable. A noter également, sans vouloir la critiquer davantage, qu'elle habite dans le logement de la victime. Bref, comme dit, tout cela n'est pas très joyeux.
Cela commence d'ailleurs comme un polar pour se transformer en quête mystérieuse et onirique avec pour cadre une ambiance forestière. Quand arrive la conclusion, on se demande quel était l'objectif visé par l'auteur. Je n'ai rien compris à ce final ouvert laissant libre court à l'interprétation de chacun. Ce n'est pas faute d'avoir essayé.
Les dessins de Chauzy sont toujours aussi réussis et très agréables à regarder même si j'ai toujours eu du mal avec les visages des personnages. Il y a toujours une colorisation assez marquante. Cependant, cela ne me suffit pas pour autant à rendre cet album indispensable.
Que le récit même du déroulement de l’enquête soit réussi ou non, la clé de l’énigme repose toujours sur une idée originale et recherchée. Cependant, ce n'est pas ce que va retenir le lecteur au final. Ce qui compte, c'est le résultat et celui-ci est déroutant, étrange et déstabilisant.
Oui, étrange album que voici. On se laisse porter tranquillement dans cette intrigue de cold case et l'ambiance un peu louche/fantomatique maintient un certain intérêt.
Le dessin et les teintes choisies à tendance surnaturelles pour représenter le ciel, le village y sont pour beaucoup dans l'étrangeté. Belle façon de faire de la part de Chauzy.
Pour finir, agréable à lire mais la chute à la toute fin, laisse sceptique avec un chouïa de déception...C'est souvent le cas avec le fantastique qui pointe le bout de son nez. Une curiosité.