L
'existence vue comme une succession de boites qu'un individu occupe un moment, quitte pour une autre, et une autre… Refermer une porte puis en ouvrir une nouvelle, selon la trajectoire propre à chacun.
Room a reçu la médaille d'argent au Japan International Manga Award en 2015. La même année, l'auteure taïwanaise fut remarquée par un éditeur français à Angoulême. Dans ce titre, le lecteur suit un bref instant le quotidien de cinq jeunes adultes (une serveuse, un tatoueur, un coiffeur, un photographe et un professeur) dont l'histoire est marquée par la monotonie. Triste et mélancolique au premier abord, le ton évolue à mesure que les opportunités s'offrant à eux au détour d'une rencontre ou d'une nouvelle possibilité leur permettent d'avancer malgré tout. L'ensemble évoque l'anonymat et la solitude dans la société d'une mégapole. L'autrice, en très peu de pages, sait émouvoir. Le choix du cadre urbain, qui est ici presque un personnage en soi, fait le lien entre les êtres. Le regard virevolte ainsi d'une cage d'escalier à une fenêtre, guidé par une volute de fumée. Il passe de ce cadre à une autre ouverture, la vitrine d'une boutique. Puis, cette dernière se reflète dans la lunette de visée de l'appareil photo du suivant, etc... L'onirisme qui se dégage est prégnant.
La magnifique couverture de 61Chi (Elle qui se laissait dévorer) laisse entrevoir son style très personnel : un crayonné relâché, vibrant et sensible, donnant un aspect griffonné par moments et une trame structurée fortement présente qui déborde souvent des contours : un rendu brut bien loin des ouvrages habituels lisses et propres qui parsèment les étals. Ainsi, l'œil ressent plus l'émotion dégagée qu'il ne s'attache à l'esthétique. C'est un trait âpre, "rough", qui exhale une grande force et un certain onirisme. L'illustratrice s'attarde sur certains visages pour bien en souligner les émotions.
Sur le thème de la communauté dans une grande ville, voici un ouvrage qui possède un vrai parti-pris graphique. Immersif,
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