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n se rendant à son travail de vendeuse de légumes, Cléo est assaillie de nausées. Rien de plus normal en début de grossesse. D’ailleurs, son gynécologue la rassure sur ce point. Cependant, en parallèle, il lui dresse la liste de tout ce qui est déconseillé à la femme enceinte. Quant à son compagnon, Cyril, il angoisse déjà au sujet des investissements qu’il faudra faire. Les futurs grands-parents, eux, sont contents, chacun à leur manière : pour les uns, la nature a parlé et fructifié, pour les autres, il s’agit là d’une grâce divine à louer et remercier comme il se doit. Mais voilà, l’aventure de la gestation connaît parfois des obstacles ou peut virer au pire… Puis rebondir vers un meilleur.
Après Carnets de thèse et L’invasion des imbéciles, Tiphaine Rivière revient à la bande dessinée avec un nouveau roman graphique. Elle y explore, sur un mode humoristique, les heurs et malheurs accompagnant la grossesse. Au fil des cent quatre-vingt-dix planches de ce premier tome, il est ainsi question de ces fameux maux liés à la gravidité – hauts-le-cœur intempestifs, fluctuation de l’humeur, changements hormonaux -, de l’annonce de la nouvelle et de son accueil par les proches, des conseils dispensés à tout-va (ne pas faire ceci, éviter cela…) et des questionnements qui surgissent.
L’album cocarde également ces forums de futures (ou de déjà) mamans dont les contenus rendraient n’importe quelle femme hypocondriaque, mais où chacune vient chercher une explication au moindre retard, pincement au bas ventre ou à la plus petite tâche dans la culotte… De toute façon, comme la bédéiste le rappelle allègrement, il n’y a qu’un seul moyen de savoir si c’est grave ou pas : consulter « gygy », le/la meilleur.e ami.e de ces dames… Lequel en voit assurément de toutes les couleurs, comme le suggère les pensées envahissant le gynécologue de l’héroïne. Toutefois, au-delà de ces tribulations finalement assez communes et qui se lisent avec un léger sourire, Tiphaine Rivière glisse deux événements méritant une attention plus marquée, à savoir une fausse couche et une interruption volontaire de grossesse. Quelques pages fortes décrivent la première, tandis que la seconde prend place dans une conversation entre Chloé et sa meilleure amie. Cet échange soulève la problématique du choix ou non de porter la vie, ainsi que de la liberté de s’en défaire.
La partition graphique, quant à elle, se caractérise par un trait relativement lâché et expressif, un découpage et des cadrages allant généralement à l’essentiel. La mise en couleurs pourrait posséder davantage de relief. Toutefois, Tiphaine Rivière a su intégrer l’impression de mouvement et de variations inhérentes à la gestation, ce qui donne quelques planches plutôt bien conçues, comme la scène de la première échographie ou l’invasion très visuelle des nausées à différents moments.
Globalement bien mené et visant juste sur certains points, Le cœur qui bat constitue un point de vue assez vivant sur cette période qu'est la grossesse et tout ce qu'elle peut entraîner chez ceux/celles qui la vivent.
Cléo et Cyril sont un jeune couple de ce qu'il y a de plus ordinaire. Ils vont essayer de parfaire leur vie de couple en ayant un enfant. Cependant, parfois ce n'est pas chose facile. Il y a les aléas de la vie et notamment les fausses couches.
Je ne le savais pas mais en comparant le risque au nombre de naissances, il s'avère que 23 millions de fausses couches se produisent chaque année dans le monde, soit environ 15 % du total des grossesses. Cela représente environ 44 grossesses perdues chaque minute. Une femme sur quatre sera concernée en France. C'est beaucoup. Je n'en n'avais pas conscience avant cette lecture.
Le couple va être confronté à ce drame familial qui va beaucoup les toucher surtout pour Cléo qui se sentait déjà être une mère. Elle sera confrontée à la culpabilité mais également au doute et à l'anxiété ainsi qu'à des désagréments physiques.
Un cœur qui bat est un témoignage assez bouleversant. L'auteure Tiphaine Rivière aborde sans ménagement un sujet bien délicat composé de non-dits et parfois de tabous. Le dessin est d'ailleurs assez expressif et le sang pourra couler à flot. Pour ma part, je ne lui reprocherais pas de faire dans le réalisme.
Je n'avais pas été convaincu par mon début de lecture puis petit à petit, cela prend aux sentiments. On arrive en effet à sympathiser avec ces personnages et comprendre ce qui se passe vraiment.
Il y a un coté assez urbain dans cette BD malgré l'incursion d'agriculteur dans la famille. On voit également ce que les personnages secondaires pensent quand ils font par exemple des gaffes comme cette gynécologue. Cela donne un certain caractère à cette BD.
Cela se terminera tout de même par une réelle note d'espoir pour ce couple et c'est tant mieux.