S
ans le sou, Louis, un étudiant en droit, rêve de fréquenter la bourgeoisie, de manger dans les grands restaurants et de se rendre à l’exposition universelle de Bruxelles, dans un an. Alors qu’il doit de l’argent à l’université et à sa logeuse, sa voisine de palier, Camille, une prostituée, lui suggère de vendre ses charmes aux vieilles dames. Il connaît immédiatement le succès, puis tombe sous la coupe d’un proxénète maître chanteur.
Dans Autopsie d’un imposteur, Vincent Zabus propose un récit, plutôt bien construit, conduisant à une intéressante double chute. Il y a quelque chose de shakespearien dans cette lutte de pouvoirs, et ce n’est pas sans raison que le maquereau, écrivain raté, passe son temps à citer le dramaturge britannique. L’aspect le plus singulier du projet demeure certainement le rôle du narrateur. Dès la première page, il se demande pourquoi il se donne le mal de raconter la vie de ce type qui n’en vaut pas la peine. Tout au long de l’histoire, il sera à couteaux tirés avec le protagoniste. Un peu comme un chœur grec, il offre ses conseils, formule des mises en garde et fait des reproches. Accablé par sa présence, le héros finira par lui intimer de se taire et de le laisser dormir.
Thomas Campi accompagne la nouvelle d’un très beau dessin charbonneux. Ses personnages, semi-réalistes, jouent juste et leurs regards traduisent toujours l'émotion attendue. Les décors apparaissent généralement riches ; certains semblent adaptés d’une photo, cela n’est toutefois pas suffisamment évident pour que le lecteur ressente une véritable rupture dans le style. Mention à l’agréable colorisation, souvent dans des teintes rougeâtres.
Un joli conte amoral.
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