E
ugénie cultive un caractère bien trempé et un don singulier, deux traits de personnalité rédhibitoires en cette fin de XIXe, notamment pour une jeune fille de bonne famille appelée aux plus hautes fonctions de maitresse de maison…
Avec Le bal de folles, bande dessinée éponyme du roman de Victoria Mas, Véro Cazot et Arianna Melone mettent de la couleur sur le destin d’Eugénie et s’attachent, comme Mélanie Laurent dans son film, à faire état de l’arbitraire surtout face à la différence.
Si le patriarcat montre une universalité de lieu et de temps, il n’en possède pas pour autant force de vérité et la question de ses mécanismes et donc de sa reproductibilité aurait pu être intéressante à mettre plus en perspective. Tel ne semble pas être le parti pris de cette fiction. En procédant de la sorte, les deux autrices prennent le risque - faute d'une contextualisation pertinente - d’induire des jugements à l’emporte-pièce et de concourir ainsi à la reproduction d’un schéma qu’elles semblent vouloir dénoncer ! Ici, l’important n’est pas de juger a postériori, mais de contribuer à ce que de telles situations ne puissent plus avoir cours ! Quoi qu’il en soit, le scénario de Véro Cazot ne démérite en rien, mails il s’arrête simplement en chemin en demeurant sur le répertoire de l’anecdote fictionnelle joliment dessinée. Sur ce point, malgré une mise en scène des plus classiques, Arianna Melone affirme un registre graphique à la limite du figuratif et déploie encore toute la passion et la sensibilité de ses crayonnés aquarellisés ; toutefois, elle peine encore – au-delà des variations de tonalités - à rendre vraiment compte des registres extrêmes de la colère et de l’ignominie.
Le bal de folles est un album qui, d’un point de vue narratif, se suffit à lui-même mais qui aurait pu prendre une tout autre dimension… Peut-être n’était-ce pas là sa finalité ?
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