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n 1844, la révolte gronde à la Havane. Le père de Severiano, grand propriétaire de plantations, est obligé d'envoyer son fils à Paris pour lui épargner un sort funeste. C'est ainsi que le jeune mulâtre explique sa présence dans la capitale à ses amis, de sacrés joyeux drilles. S'il élève le farniente à un art de vivre, le rentier révèle une certaine intelligence (comme le montrent ses grandes études) et des idées à foison, dédiées à un monde plus juste. Mais pour se faire entendre, il ne suffit pas d'être brillant, car la couleur de peau restera toujours aussi sombre.
Ce biopic retrace le destin d'un personnage largement méconnu, malgré une citation par Barack Obama lors d'un de ses discours. Ozanam expose son parcours atypique, du déclic au vieux jours. En effet, ce libre-penseur aurait pu se contenter de dépenser la fortune familiale et jouir d'une vie facile consacrée à la frivolité et aux divertissements. Pourtant, il a choisi de s'investir pleinement dans la vie active de son pays d'adoption. L'absence de chronologie (très peu de dates), des noms complets des protagonistes et d'un contexte précis (évènements simplement cités, non expliqués) démontre à priori la volonté du scénariste de s'attacher avant tout à la personnalité du héros et pas à l'époque. Néanmoins, la compréhension globale en pâtit et le lecteur peine à comprendre les enjeux en présence. Ce flou temporel et contextuel engendre une certaine monotonie et un souffle asthmatique dans le rythme. Le journaliste passionné ne manque cependant pas de charme et suscite une certaine admiration de par ses contributions dans de nombreux domaines (économique, social, technologique…).
Si le classicisme du style graphique d'Isabelle Dethan sied au sujet, un découpage moins sage aurait certainement apporté la touche de dynamisme qui manque cruellement au scénario. La dessinatrice a habitué le lecteur à un travail de qualité, pourtant, les illustrations soufrent ici d'un déficit de détails dans les arrière-plans et les panoramas. Ajouté aux couleurs un peu fades, l'ensemble déçoit quelque peu par rapport aux ouvrages précédents (J'ai tué, Sur les terres d'Horus, Mémoire de sable).
Voici la biographie illustrée du «député chocolat», un politicien au destin mouvementé et singulier. Une lecture qui, si elle se révèle intéressante, pêche toutefois par le peu de liant et d'audace pour réellement captiver.
J'ai été au départ assez intrigué par cette bd car le président américain Obama avait cité ce personnage français venant des Antilles dans son discours d'investiture en 2007.
On découvre qu'il s'agit d'un dandy exilé de la Havane suite à une révolte dont la famille exploitait une plantation de canne à sucre à l'aide d'esclaves. Je précise que ce dernier était mulâtre.
Pour autant, il s'est très vite inséré dans la haute société parisienne comme amuseur et noceur public. Par la suite, il a orienté sa vie d'oisiveté vers la politique en passant par le journalisme. Il est toujours vrai que les médias peuvent mener à des vocations politiques.
Avant de se lancer dans la politique, ce rentier a du nettoyer ses casseroles en se séparant de ses esclaves dans son domaine aux Antilles et de préférence en les vendant au lieu des les affranchir. Il a alors pu faire la morale aux autres concernant la lutte contre l'esclavagisme et les belles valeurs de la République comme la fraternité.
Certes, il a été lui aussi victime de racisme à cause de la couleur de sa peau mais en étant assez riche, il a pu se faire sa place dans cette société pourtant hostile. Il sera un homme de la troisième République à ses débuts pour terminer dans un ministère des travaux publics. A noter qu'il a participé à un parti politique fortement ancré dans la colonisation. Mais bon, on n'est plus à une contradiction près !
J'avoue ne pas avoir été touché humainement par ce personnage pourtant décrit comme illustre. Il ne reflète sans doute pas mes propres convictions. Pour autant, je reconnais qu'il a sans doute fais évoluer certaines mentalités.
Cette BD se termine un peu en queue de poisson avec une conclusion qui ne m'a pas semblé très réussie.