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ui, d'accord, les Toutes ont débarqué mais ils sont bien loin des extraterrestres vindicatifs et conquérants des séries TV et autres films à gros budgets. Calmes, sans réel contact ni échange avec l'Humanité, ces étranges métabolismes gigantesques agrémentent les campagnes comme les villes de leurs formes particulières et de leurs couleurs vives. C'est en tout cas ce que le jeune Orsay se dit jusqu'à qu'il se retrouve au cœur d'une mésaventure qui va le changer, au moins physiquement. Bien décidé à trouver une solution, il embarque pour la capitale, loin de se douter que ce n'est que le début des changements pour lui...
Lorsque le duo Ruppert et Mulot est évoqué, c'est souvent en référence à leurs albums indés, chez l'Association notamment, et leur humour déjanté ou leur collaboration avec Bastien Vivès pour les deux tomes de La Grande Odalisque chez Dupuis-Aire Libre. À l'occasion de leur entrée dans le catalogue Dargaud, au sein de la collection Vision du Futur, les compères semblent s'être assagis mais sans rien perdre de leur verve. De leur trait fin et élégant, habillé de couleurs pastels, ils peignent des décors doux aux allures de vacances à la campagne. Leur mise en page sombre permet de s'immerger rapidement dans le quotidien de leur héros jardinier. Mais très vite, le récit bascule pleinement dans le fantastique et le ton change.
En contraste complet avec la forme, l'intrigue prend une tournure plus sombre. Tandis qu'Orsay va chercher des réponses à sa mutation, il fait la connaissance de plusieurs personnages aux prises avec les forces de l'ordre. Une plongée dans la France militante qui lui fera découvrir des manifestations anti-politiques avant de côtoyer des minorités oppressées insoupçonnées, qui fait monter nettement le récit en tension. À leur rythme - l'album fait cent cinquante et une planches ! - les auteurs installent un suspense grandissant tout en brossant des ambiances dérangeantes sans toutefois qu'elles soient malsaines. Ils jouent des rebondissements pour surprendre (la scène de l'hôpital en est l'exemple parfait) et de l'évolution de leur héros pour interroger et faire avancer leur trame. Malgré quelques passages peut-être un peu trop psychédéliques pour séduire le plus grand nombre, l'ensemble se lit facilement et accroche jusqu'à l'ultime case
Avec Les mains d'Orsay qui possède un côté fascinant limite obsédant, Ruppert et Mulot réussissent à envoûter, inquiéter, happer et plaire. Largement de quoi guetter la suite et voir où le duo a décidé d'emmener des lecteurs.
J’ai eu la chance de le lire et j’avoue que j’ai aussi été séduit et n’ai pu m’empêcher de penser à la Mantrisse d’Aldébaran !
J’ai bien aimé les personnages et leurs fortes relations entre amour et violence.
Le graphisme parait hésitant mais est très réaliste avec une imagination débordante sur l’apparence et les propriétés des « Toutes » mises en couleurs douces et superbes.
La fin de ce premier tome nous entraine dans un suspens incroyable et fantastique avec une grosse envie de voir la suite !
Bref, cette BD réalisée à 4 mains a été un coup de cœur !