Y
eong-jin a quarante ans. Cette enseignante contractuelle célibataire vient de subir une hystérectomie. Pour elle, qui ne voulait pas être mère, cette opération n'est pas un problème à proprement parler. Pourtant, cet événement lui fait prendre conscience de la violence de la société. Elle est en butte à l'incompréhension de ses proches qui acceptent mal qu'elle renonce ainsi définitivement à la maternité. Elle jette également un regard neuf sur la multitude d'injonctions qu'elle subit au travail. Rien n'est obligatoire, mais il est malvenu de ne pas s'y soumettre, restant à la merci d'une non-reconduction de son contrat. De plus, elle considère la situation de ses parents d'un œil plus critique. ces derniers sont toujours contraints de travailler et respectent aveuglément un ordre social et familial très codifié, sans comprendre que leur réalité n'est plus en phase avec celle de leurs enfants. Au contact de son petit ami, qui travaille dans une association défendant les droits des travailleurs émigrés victimes de véritables négriers.
C'est toute la cruauté du capitalisme qui l'assaille, l'affectant à chaque niveau de sa vie, la maintenant dans une précarité dont elle ne voit pas la fin. Loin du miracle économique que la Corée du Sud incarne, c'est un tissu social profondément inégalitaire que décrit Kim Sung-hee dans cette chronique du quotidien de son héroïne. Si La capacité de survie interpelle dans un premier temps, il finit par inspirer un relatif ennui tant chaque chapitre ressemble au précédent, construit autour d'un style graphique très dépouillé et un schéma narratif monotone et austère. Il s'installe très vite un sentiment de répétition. Passé la centième page, il en reste encore autant à lire, sans qu'il se passe grand-chose de plus, jusqu'à la conclusion qui apporte un semblant de conclusion au cheminement personnel de Yeong-jin. Ce portrait de la société coréenne, loin des clichés de la K-Pop, ne manque pourtant pas d'intérêt, mais il est beaucoup trop long.
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