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nique survivant d’un naufrage, le naturaliste Edward Prendick échoue sur une île habitée par une poignée de personnes. Le décor est paradisiaque, mais quelque chose cloche dans cet univers qui se révèle angoissant. Au fil des jours, il comprend que le mystérieux docteur Moreau profite de l’isolement pour réaliser des opérations contre-nature en hybridant l’homme et la bête.
Stéphane Tamaillon s’approprie L’île du docteur Moreau, un roman publié par H. G. Wells en 1896. Le rythme, relativement lent, accentue la tension dramatique. Petit à petit, la curiosité se transforme en surprise avant de faire place au mystère et au malaise. Les personnages sont archétypaux ; le héros au cœur pur affronte un savant fou. Tous deux sont liés par l’amour de la connaissance, toutefois les moyens choisis pour y parvenir sont radicalement différents. En creux de la confrontation se lisent les enjeux éthiques sur la condition humaine, le libre arbitre et les droits des animaux.
Quelques cent vingt-cinq ans plus tard, alors que les modifications génétiques permettent de produire des légumes pratiquement imputrescibles et du bétail grossissant à vue d’œil, sans oublier la résurrection des mammouths croisés avec des éléphants, les réflexions de l’auteur de La Guerre des mondes apparaissent d’une troublante actualité.
Le trait charbonneux de Joël Legars se marie magnifiquement au récit sur lequel il dépose une sorte de voile poussiéreux, un peu comme le fait Jérôme Jouvray dans Lincoln. Évitant d’en faire trop, ce n’est que par petites touches qu’il distille l’angoisse. Les monstres sont de fait souvent présentés en ombre, avant de se dévoiler sous la lumière. Ainsi apprivoisés, ils se montrent davantage étranges que franchement menaçants.
Archiconnue, cette histoire a maintes fois inspiré les septième et neuvième arts. Alors à quoi bon une énième version ? La question est justifiée ; la qualité du travail des jeunes bédéistes dissipe cependant tous les doutes.
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