G
loria se repose à la campagne avec son amie Angie. À la suite d’un songe autoérotique où elle s’imagine avec un albinos, un serpent rose sorti de son sexe lui confie que chaque fois qu’elle aura un orgasme il lui divulguera un secret. Il commence par lui donner un indice la mettant sur la piste de son père, un guitariste disparu quelques années plus tôt. Par ailleurs, les deux femmes familiarisent avec Virginio, le fils de leur voisin ; comme son nom l’indique, le garçon (qui a un nez en forme de phallus) est puceau, cela ne saurait évidemment durer jusqu’à la fin du récit. Parallèlement, les jeunes du village participent à des rituels satanico-sexuels.
Au carrefour de l’érotisme et de l’onirisme, le tout nappé d’une bonne couche de surréalisme et de fantastique, le scénario de Tony Sandoval décontenance. Le lecteur ne sait trop si le propos est riche ou s’il est pauvre. Le fil conducteur apparaît mince, à moins qu’il n’y en ait tout simplement pas… ou encore qu’il y en ait plusieurs. La lecture séduit, mais il vaut mieux se résigner à ne pas tout comprendre et à ne pas espérer de véritables réponses, ou du moins une conclusion répondant aux questions posées dans l’introduction.
Avec ses gros plans d’organes, ses coïts, ses séances d’onanisme, de lesbianisme et de fellation, Oscuro en Rosa doit à coup sûr être classé au rayon des livres coquins (d’autant plus qu’il s’affiche dans la collection Porn’Pop de Glénat). Il n’est pourtant pas que cela. En fait, la sexualité ne prédomine pas. Pour tout dire, les thèmes principaux demeurent la famille et l’amitié.
Le dessin rappelle un peu celui de Gipi. Bien qu’il se révèle un tantinet brouillon, s’en dégage une réelle émotion. Cela dit, le bédéphile note surtout la magnifique mise en couleur à l’aquarelle, souvent dans des tons d’ocre. L’artiste semble conscient de la qualité de son coup de pinceau, plusieurs de ses cases figurent presque comme des parenthèses qui se trouvent dans l’album parce qu’elles sont jolies et qu’elles feront plaisir, et ce ne sont pas nécessairement des nus.
Enfin, les personnages féminins d’allure juvénile provoquent un certain malaise lorsque l’illustrateur les dévêt. Certes, elles ont des poitrines opulentes, mais leurs visages sont ceux de gamines prépubères. Il est tout de même dit que, malgré les apparences, elles ont toutes deux plus ou moins vingt ans.
Un étrange conte ésotérique et érotique. Plus intéressant pour les illustrations que pour l’histoire.
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