L
oco à l’opéra ? Non, vous ne rêvez pas. Évidemment, ce n’est pas uniquement le bel canto qui est la première cause du subit intérêt du loup de mer pour l’art lyrique. En effet, il a une idée derrière la tête en accompagnant Nadia, sa dernière flamme. Qu’est-ce que l’amour ne fait pas faire ? Un accident violent stoppe malheureusement la représentation. La police conclut à un bête incident technique. Ce n’est pas l’avis de la compagnie d’assurances qui, vous l’avez deviné, mandate Léo pour faire toute la lumière sur l’affaire, ainsi que d’assurer la sécurité du personnel.
Retour à Marseille pour Léo Loden et son fidèle oncle. Pour Carmina Burrata, Loïc Nicoloff a imaginé une intrigue se déroulant dans le monde de la grande musique et des égos démesurés. Toujours aussi bien calibré, son scénario se montre efficace et parfaitement tenu. Quelques rappels historiques et architecturaux façon mission de service public, une brochette de personnages hauts en couleurs, un enquêteur au diapason et, au passage, le lecteur a même droit à deux-trois interludes sur les difficultés de la conciliation famille-travail. Le tout est rythmé en diable et rempli d’humour bon enfant. Inspiré comme à son habitude, Serge Carrère emballe ces péripéties avec talent et générosité. Il ne s’économise pas et offre une balade de toute beauté à travers les quartiers de la cité phocéenne.
Titre plus qu’établi, Léo Loden pourrait tomber dans une certaine routine. Par chance, il peut compter sur la richesse des régions qu’il visite au gré de ses aventures. Ces ancrages géographiques permettent de «nourrir» ses enquêtes en leur ajoutant quelques détails typiques, intéressants, voire surprenants. Si ce stratagème scénaristique a été plus qu’employé au fil des vingt-huit albums en date, force est de constater que les auteurs n’ont jamais oublié la nature première de la série : un véritable polar grand-public, explosif et amusant.
Non, les pires individus ne se trouvent pas seulement au sein de la pègre, Léo Loden découvre dans Carmina Burrata qu’il y existe d’autres paniers de rascasses dans les ruelles du Vieux Port. Heureusement, il connaît la chanson !
Juste avant la grande première d'une adaptation controversée de "Carmen" à l'opéra de Marseille, la cantatrice incarnant Carmen est victime d'un accident sur scène au cours d'une répétition, un élément du décor s'étant effondré sur celle-ci. Simple accident, sabotage pour empêcher l'opéra d'être joué ou tentative de meurtre ? C'est ce que devra déterminer LEO LODEN, dans une enquête compliquée qui mêlera notre détective au monde très particulier de la Culture, et le verra arpenter plusieurs lieux de Marseille, de l'opéra en centre-ville à l'hôtel Intercontinental, en passant par les anciens abattoirs de Saint-Louis.
Une bonne enquête avec toute une galerie de suspects qui ont tous une bonne raison de voir la pièce sabotée, ce qui fait qu'on ne devine pas le coupable trop vite. Comme les dessins sont toujours aussi bons et que l'humour suit bien, la lecture est fort plaisante. Petit plus : dorénavant Léo est papa et aux contraintes du métier de détective privé viennent se mêler les contraintes familiales, ce qui engendre encore plus de situations humoristiques.
Un album de bonne facture, pas un des meilleurs, mais on retrouve avec plaisir les aventures de Leo et ses amis. Bientôt 30 ans que le détective résout des crimes, et on peut dire qu'il tient toujours la forme.