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ne attaque d’extraterrestres a rasé le hameau d’Hupper Deeping en Grande-Bretagne. Dépassés par les événements, les militaires font appel à deux experts, des écrivains de récits de science-fiction, qui, ils le souhaitent, les aideront à donner un sens au fléau. Parallèlement la brigade contrôle l’information afin que la panique ne gagne tout le pays. Les résidents sont arrêtés, interrogés et surveillés de près. Comme le disait Rudyard Kipling : « La première victime d'une guerre, c'est la vérité ». L’ennemi intérieur constitue le deuxième volet de Wild’s End une adaptation en trois tomes de La guerre des mondes de H. G. Wells, un ouvrage publié en 1898.
L’auteur, Dan Abnett, explore essentiellement la question des rapports de force entre les intervenants, principalement la presse et l’armée. L’oppresseur venu du ciel n’est finalement qu’un prétexte et les vilains se révèlent assez peu présents. Le titre de l’album apparaît du reste éloquent. L’adversaire n’est donc pas venu d’ailleurs, il se trouve ici. Pour les uns il s’agit des soldats soumettant le peuple à une forme de dictature, pour les autres ce seront les habitants cherchant à alerter l’opinion publique.
D’autres enjeux sont abordés, notamment les droits des femmes vus au travers du prisme de la major Helena Upton revendiquant sa place dans un univers masculin. L’histoire présente également une nouvelle version de la querelle des modernes et des anciens puisque les deux hommes de lettres n’ont pas du tout la même vision de leur métier. L’aîné favorise une littérature d’anticipation rigoureuse construite sur des bases scientifiques, alors que son collègue, plus jeune, se montre davantage fantasque. Leur façon de considérer le conflit est teintée par cette polarisation, l’une repose sur l’analyse alors que la seconde, instinctive, conduit à l’action.
Le scénariste varie les modes narratifs ; les cases et les bulles sont ponctuellement interrompus par des extraits de dossiers et de correspondances privées, à une note adressée au ministère de la Défense ou encore à un chapitre de livre. Ces segments sont intéressants, ils enrichissent l’anecdote, mais constituent tout de même une entrave à la fluidité du propos.
I.N.J. Culbard a choisi de confier les rôles à des animaux. Contrairement à Juanjo Guardino (Blacksad) ou à Jérôme Lereculey (Les 5 terres), l’illustrateur n’arrive pas à vraiment traduire les émotions dans les faciès de ses personnages. Cela dit, son dessin est dans l’ensemble d’une belle lisibilité. Il en va de même du découpage, simple, soigné et sans et sans effet de style, lequel contribue aussi à la limpidité du projet.
Une relecture intelligente d’un classique maintes fois adapté au cinéma, à la télévision et en bande dessinée.
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