S
on père est mort, tué par des bandits à la petite semaine lors de l'attaque de leur calèche. Mal-en-point, il est alors recueilli et soigné par une famille de nomades. Quelques années plus tard, près du port, il tombe évanoui, en proie à un étrange délire. Les propos qu'il tient sont incohérents, il parle d'une silhouette féminine portant une ombrelle ; serait-ce la fille du quai ? Il n'est pas bon d'être la victime de cette malédiction, Haurel le constatera bien assez tôt. La légende prédit qu'une fois sous son emprise, la personne mourra des mains de cette apparition. La seule façon d'y échapper : ne plus jamais s'approcher de la mer. Pourtant, un jour…
Alexine (Bianca) et Fabrice Meddour sont associés dans ce conte fantastique à l'ambiance mystérieuse et légèrement horrifique. S'y croisent un jeune homme victime d'un mauvais sort, une violente série de meurtres, des habitants superstitieux et bien sûr, des femmes, souvent fatales. Les transitions entre les différentes intrigues et périodes ne sont pas toujours évidentes, le lecteur devra faire attention de bien suivre pour comprendre de quoi parle la voix off quand les illustrations figurent une scène concernant un autre protagoniste ou une autre époque. Cependant, pas d'inquiétude, le dessein final prend tout son sens dans les dernières pages, réunissant les fils qui semblaient sur le moment n'avoir aucun contact. L'ambiance instaurée se révèle très intéressante et pallie largement les petites faiblesses de la construction narrative. En effet, plus que l'intrigue finalement, elle représente avec le graphisme le point fort de ce one-shot : poisseuse, tendue, empreinte de surnaturel. Le lecteur tombe rapidement sous le charme de cette singularité qui n'apparait que très peu, mais dont l'aura influe sur l'ensemble de la petite communauté.
Aussi aux pinceaux, Fabrice Meddour (Après l'Enfer, Espace Vital) propose un dessin magnifique qui n'est pas sans rappeler le style de Guillaume Sorel, dans le rendu mélancolique de son trait et dans la douceur de ses aquarelles aux teintes délavées qui dégagent une belle puissance expressive, soutenant efficacement le texte.
Graphiquement envoutant, La fille du quai charme par son atmosphère fantastique, sombre et dramatique.
Ce conte un peu sombre ne m'a pas plu convaincu que cela dans son développement bien que le début était assez intéressant à suivre. Puis, à vrai dire, il y a eu comme un décrochage dans ma lecture.
Je ne saurais dire si c'est le scénario qui devient inutilement alambiqué au sujet de l'identité de cette mystérieuse fille et du tueur des femmes enceintes. Tout cela m'a paru confus avec une conclusion qui ne m'a pas satisfait.
Par ailleurs, il y a également des images qui nous montre une ville qui semble être à l'envers sans qu'on ne comprenne vraiment de quoi il s'agit au juste. Était-ce une métaphore d'un monde parallèle ? On sait que le jeune garçon ne souhaite surtout pas poser un pied à terre d'où cet effet optique.
Rien à redire par contre sur la partie graphique magnifiquement composée. C'est de toute beauté et cela paraît incontestable de le dire. Il y a comme une véritable atmosphère presque envoûtante. Cependant, en ce qui me concerne, le dessin ne fait pas tout. C'est une composante importante mais que je ne juge pas essentielle. Le scénario doit tenir la route.
Pour autant, la lecture a quand même été agréable même si je sais bien que cela ne sera pas une œuvre inoubliable. La fille du quai ne m'aura pas marqué à tout jamais.