I
l arrive qu’un album vous emplisse par surprise de sentiments diffus, insaisissables. Mais lorsque sa lecture s'achève sur un profond bien-être, à quoi bon donner un sens précis à cette dose de pur plaisir ?
La bicyclette rouge, du coréen Kim Dong Hwa, fait partie de ces albums qui, sous un graphisme simple, révèlent une véritable qualité d'écriture. Concise et pertinente, chacune des trente histoires de ce recueil vous laissera un sourire aux lèvres et, peut-être, une agréable sensation de plénitude.
On découvre à travers la tournée d'un jeune facteur la vie paisible des habitants de Yahwari, village de la campagne coréenne. L'auteur déclenche naturellement l'émotion par un dialogue, un regard appuyé, une attention envers son voisin. Il fait de son personnage principal l'artisan d’une harmonie qui gagne à être partagée.
Si l’ensemble de ces nouvelles graphiques garde une égale simplicité, cela n’empêche en rien la mise en place d’une sage compassion, douce et humaine, celle que ce facteur à la bicyclette rouge porte quotidiennement à ses semblables. Il y a de la poésie dans ces pages.
Un manhwa qui parle du quotidien d'un petit village coréen isolé, Yahwari, au rythme du passage du facteur qui délivre le courrier, parle avec les habitants, leur apporte un peu de joie simple, d'amitié. Dans cette série d'histoires courtes (5-6 pages) regroupées par thèmes, on découvre un poète qui laisse toujours un poème au facteur dans le boîte aux lettres, une jeune fille très malade qui attend sans cesse le facteur au pas de sa porte bien qu'elle ne reçoive pas de courrier, un paysan qui surprend le facteur à planter des fleurs au bord de la rivière. A travers les champs, le long du ruisseau, sous un arcbre, le facteur profite pleinement de la Vie. Il est un pont entre le Monde et les villageois, celui qui les écoute, les aide, les réconforte.
Côté dessin, s'il n'est pas désagréable, on pourra le trouver simpliste, sans charme, d'autant que les couleurs donnent un peu l'impression parfois qu'on regarde un animé. Cependant il s'en dégage, lorsqu'on est pris par l'histoire, une atmosphère particulière qui nous transporte dans un ailleurs lointain empli de sérénité et de poésie.