L
orsque sa femme accouche de Spencer, Ray est fier. Ce bébé deviendra l’héritier d’une des dix lignées de sorciers veillant sur le monde, un privilège réservé à l’aîné des mâles. Le temps passe, mais le fils ne semble afficher aucune prédisposition pour les sorts. Le père s’impatiente, le fiston se désole de ne pas répondre à ses attentes. La honte se transforme en révolte, d’abord contre son géniteur, puis envers l’Égide, la société dirigeant l’utilisation de la magie. Adolescent, le héros démontre finalement des aptitudes ; sa colère ébranlera la hiérarchie qui repose sur un système de castes immuables.
Brandon Thomas présente une vision ethnocentrée de cet univers. L’ensemble des élus se révèle américain, le lecteur pouvait s’y attendre, après tout, Excellence est un comic. Tous sont noirs, la chose apparaît plus singulière. Fondamentalement, l’anecdote dépeint une crise d’adolescence, exacerbée par l’intransigeance du parent et le poids de la tradition. En inscrivant l’histoire dans un univers merveilleux, quoiqu’au cœur d’une New York contemporaine, l’auteur donne au conflit une allure toute différente. Si les nombreuses règles imposées par l’organisation se montrent lourdes pour les recrues, elles le sont aussi pour le bédéphile qui peine à mettre de l’ordre dans cette fable alambiquée. Au final, le bibliophile découvre un récit copieux où s’enchaînent les scènes d’action. Des pauses, ou un rythme moins soutenu, auraient certainement permis d’explorer davantage la psychologie des personnages.
Le dessin de Khary Randolph est dynamique et spectaculaire. Celui qui a illustré les aventures de Batman, Deadpool et Spiderman sait également composer une planche en variant les plans, la forme et la disposition des cases. Bien que l’artiste fasse preuve de beaucoup de virtuosité, il se dégage une très grande froideur de l’ensemble. Les couleurs électriques d’Emilio Lopez n’y sont sans doute pas étrangères.
Un feuilleton dopé à l’adrénaline qui devrait plaire aux amateurs du genre.
Si ce premier tome donne parfois l’impression de faire du surplace de par une difficulté à marquer des étapes claires dans la relation entre le père et le fils, le lien qui se tisse entre le héros et son ami est autrement plus intéressant. Les auteurs posent également un jeu de temporalité en nous insérant de brèves incursions d’un combat entre Spencer et le big boss de l’Aegis. On devine ainsi une révolte en préparation mais qui tarde à se manifester, comme si les auteurs en gardaient un peu trop sous le coude. Avec un schéma assez proche de Harry Potter (la société occulte codifiée et règlementée, l’héritier illégitime, …), cette série récente jouit d’un vrai attrait graphique, tant dans le design général fort élégant que par la dynamique des pages mais complexifie un peu trop une intrigue classique traitant du passage à l’age adulte et le souffle du changement sur les conservatismes. L’habillage général est très réussi, le développement plus capricieux, ce qui n’empêche pas de prendre un grand plaisir de lecture et de vouloir rentrer plus en détail dans une série avec un vrai potentiel, mais aussi avec un gros risque de déception vue la tournure de l’intrigue.[...]
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