D
eux Français retournent au Japon, un coin du monde qu’ils adorent. Ils baragouinent la langue et y ont même des amis. Bref, ils sont en pays de connaissance, ce qui ne les empêchent pas de se faire avoir et d’acheter un appareil-photo censé capter les images des spectres. Comme les lentilles ont été polies par des moines, c’est forcément vrai. Dès lors, leur périple prend une nouvelle tournure alors qu’ils partent à la chasse aux tanukis, yôkais et autres buruburus.
Dans cette bande dessinée, les deux membres de l’Atelier Sentō, Cécile Brun et Olivier Pichard, posent un regard attendri sur eux-mêmes. À la recherche de l’invisible, les jeunes touristes, naïfs, arpentent les lieux mystiques de l’ouest de l’archipel, loin des grandes villes. Chacun des huit chapitres correspond à un endroit, à l’être surnaturel qui l’habite et à une photo. Avec ce conte fantaisiste, le tandem aborde de façon originale le récit de voyage, tout en méditant sur la prétention du routard convaincu d’avoir tout compris, particulièrement ce qui est imperceptible à l’œil du premier globe-trotter venu.
Le traitement graphique des personnages apparaît singulier. Alors que les protagonistes sont rapidement esquissés, les personnes qu’ils croisent ont souvent beaucoup plus de caractère ; un peu comme si les acteurs principaux étaient moins importants que leurs rencontres et leurs découvertes. L’artiste apporte également beaucoup de soin à ses dessins de paysages, de rues et, étrangement, à la nourriture qui se révèle omniprésente.
D’abord publié en 2016, Onibi, Carnets du Japon invisible a remporté un trophée d’argent remis dans le cadre des Prix internationaux du manga. La réédition se montre pratiquement identique (avec des fantômes phosphorescents au premier plat), à cette différence que la couverture est souple et le prix réduit.
Une douce réflexion sur le tourisme.
Voilà une bd écrite par des auteurs qui m’étaient totalement inconnus, imprimée en Lituanie et dont l’obscure maison d’édition est située à côté de ma ville. Et pourtant, c’est une réussite totale.
Il s’agit en fait d’une œuvre autobiographique par un couple de deux jeunes auteurs qui font souvent les globe-trotters au Japon. Cependant pas dans un Japon stéréotypé et habituel. Ils nous entraînent loin des clichés et autres sentiers battus à la recherche de ces fameux yokaï (les esprits japonais). Il est d’ailleurs question d’un appareil photo un peu magique capable de les prendre en image sur la pellicule. L’intrigue est fort originale. C’est parfaitement bien amené. On y croirait presque.
Il y aura également un peu de cuisine et surtout des contes et légendes locaux à travers les endroits explorés. C’est tout un parfum d’un Japon invisible. Les auteurs parviennent à dresser le portrait d'un Japon en équilibre sur les deux mondes à savoir le monde moderne et le monde ancestral des esprits. Par ailleurs, il n’y a rien à redire sur le dessin avec un trait chaleureux ou sur la qualité de l’édition. C’est parfaitement soigné. Chaque chapitre sera clôturé par une photographie où l'on verra apparaître ces Yokaï.
Voilà, ce titre fait véritablement partie de mes découvertes assez rafraîchissantes. Cela ne sera certainement pas un best-seller mais cela sera au moins une bd très ludique qui me plaît par son originalité.
Que vous soyez amoureux du Japon ou pas, Onibi saura vous transporter et vous faire découvrir le Japon dit « profond », loin des décors Tokyoite vus et revus. Les superbes dessins, à l’aquarelle, apporte un peu plus de tendresse encore à cet ouvrage et renforce l’ambiance mystérieuse des aventures d’Olivier et Cécile, les deux personnages principaux.
Je recommande fortement +++