D
u haut de ses quatorze ans, Mollie a tout vu venir. Évidemment, personne ne l’avait pas prise au sérieux ; une crise d’adolescence nourrie aux théories d’effondrement trouvées sur youtube©, ça lui passera. Et bien non. Cette fois, c’est la bonne : le gouvernement ne sait plus quoi faire, les magasins sont vides et l’armée est appelée à la rescousse. Heureusement, dans cette famille, même si tout le monde se chamaille à qui mieux- mieux, il y a de la ressource et c’est sans compter sur les amis du coin. Après le premier choc, le bon sens entre en action et, avec un peu d’organisation, tout devrait se passer sans trop de casse.
Si les fables apocalyptiques (avec ou sans zombies) et les différentes formes de catastrophismes sont à la mode, ils ne datent pas non plus d’hier. De la peur de l’An mille aux retours réguliers des morts-vivants, l’être humain a toujours aimé se faire peur sur fond de fin des temps. Olivier Jouvray apporte sa pierre à l’édifice avec Happy End, une version toute contemporaine qui allie réalisme et décalage, sans oublier une belle dose de burlesque et de clownerie. Au centre du récit, une distribution pléthorique - pas moins d’une quinzaine de personnages d’importance - permet d’illustrer tout l’éventail des réactions possibles face à cet arrêt momentané de choses du quotidien (horreur, plus de réseau !). Le ton est explosif, les dialogues s’enchaînent et s’empilent dans une farandole sympathique qui s’avère quasiment fatale à la narration. La situation est critique et urgente, le message est compris. Par contre, un peu de pitié s’il vous plaît, sur la longueur, le lecteur finit à ne plus savoir où donner de la tête.
Trait semi-réaliste affûté, une galerie de bouilles croquées avec délice et un talent certain pour dépeindre le chaos, tant matériel qu’émotionnel, Benjamin Jurdic s’en sort plutôt bien. En revanche, face à l’avalanche verbale de son scénariste, il a parfois un peu de peine à caler de manière optimale tous les membres de ce clan haut en couleur dans ses planches. Rien de grave, mais mieux vaut garder les pupilles bien acérées pour ne pas laisser échapper le fil des évènements.
Riche, fourmillant et pleine d’esprit, quoiqu’un peu forcé ou mécanique par moment, La grande panne est une lecture foisonnante et réjouissante malgré ses sombres prémices. Sitcom, drame, comédie pure et satire sociale, cette relecture familiale du genre « post-apo » ratisse large avec un certain bonheur, il faut bien l’avouer.
Erik67 a bien résumé la chose : caricaturale, peu crédible et énervante. Je n'ai pas réussi à lire jusqu'au bout.
Je le dis tout de suite: je n'ai pas franchement été convaincu par ce happy end. On a une jeune fille de 14 ans qui prévoit la fin du monde et qui semble s'y préparer mentalement alors que sa famille souhaite poursuivre le cours de la vie sans penser à ce genre de choses un peu brutales.
Oui, mais cette fin de monde semble arriver sous forme de pénurie d'essence et de troubles sociaux qui s'en suivent. Rendez-nous la voiture électrique fonctionnant à l'énergie nucléaire !
Bien des situations ne m'ont pas paru très crédibles et les personnages se sont révélés très caricaturaux et parfois énervants. Pour autant, certaines choses comme des policiers racistes embêtants de pauvres gens m'ont paru assez réaliste de ce qui se passe vraiment dans notre pays. D'autres diront qu'ils ne font que leur boulot mais passons !
J'ai bien aimé le dessin de Jurdic dans un style franco-belge qui m'a paru totalement accessible et surtout qui a rendu la lecture assez agréable. Bref, tout n'est pas à jeter, loin s'en faut !
C'est une autre version de ce que pourrait être la fin du monde ou une crise plus grave que les autres ce qui est dans l'air du temps malheureusement. Oui, tout n'est pas que happy end.