Guerre à la Terre s'articule autour de trois axes narratifs.
Le premier est un extrait d'un texte de l'historien Jacques Ellul sur les institutions de Sparte. Il y décrit le fonctionnement de la cité-État, basé sur un sentiment d'appartenance forte et de soumission à l'identité spartiate.
Le second s'inspire des écrits d'Hérodote sur les Scythes de la Mer Noire, décrivant des peuples avec un mélange d'ignorance, de superstition et de mythes étranges.
Le nationalisme apparaît en parallèle la figure de l'étranger, inconnu et mystérieux.
L'affirmation de soi au sein d'une structure codifiée s'oppose à l'altérité qu'incarnent ceux qui vivent au-delà des montagnes.
Le dernier élément est graphique. Dans un gaufrier régulier, noyées dans des teintes sombres, une bande dessinée se dévoile aux yeux du lecteur. Il s'agit de pages d'une autre Guerre à la Terre, une série de 1946 écrite par Marijac et illustrée par Liquois et Dut. Les planches ont été malmenées, comme soumises à une chaleur extrême, pareille à celle qui se dégagerait d'un incendie causé par un bombardement.
Les textes apparaissent clairement, en surimpression sur des cases qui suintent la mort. Le lien logique est évident. Des discours mortifères engendrent la destruction. Ils perdurent même, restant intelligibles alors que les images de la guerre sont difficilement déchiffrables.
Cette bande dessinée signée Charles Mieux relève plutôt de la performance artistique. Ce dernier n'en a signé ni les textes, ni les dessins. En se réappropriant des matériaux existants, il a pourtant généré un contenu original, porteur d'un sens radicalement différent de ses constituants. En cela, il est l'auteur à part entière de ce livre. Il signe un exercice intellectuellement stimulant, à défaut d'être passionnant.
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