« I’ve been set free and I’ve been bound to the memories of yesterday’s clouds. And now I’m set free. I’m set free to find a new illusion. »
-The Velvet Underground, I’m Set Free
Sur le papier, le Velvet Underground rassemble tous les éléments classiques et indispensables à tout bon groupe de rock qui se respecte. Un duo créatif explosif à couteau tiré, des débuts faits de misère, quelques rumeurs sordides, beaucoup de drogues et cette étincelle de chance qui, soudainement, braqua les projecteurs sur eux. Ensuite, même si le succès populaire n’a pas été rendez-vous, les quatre albums produits de 1967 à 1970 sont devenus cultes et cités unanimement comme parmi les plus importants de l’histoire de la musique moderne.
Le trop rare Prosperi Buri propose une mini-biographie du légendaire quatuor formé par Lou Reed, John Cale, Sterling Morrison et Moe Tucker. Milieu des années soixante, le mouvement hippie est en pleine floraison sur la Côte ouest, tandis que New York végète dans la dépression existentialiste. Reed vivote comme musicien de studio et en a marre de composer des mièvreries, il rêve plus grand. Il fait la connaissance de Cale. Entre les deux hommes, l'entente et la compréhension sont immédiates. Ils forment une première formation avant-gardiste et commencent à écumer les pires cabarets de Big Apple. Leur musique étrange est rapidement repérée par Andy Warhol, alors pape de l’art contemporain et du happening. Voyant en eux la bande son idéale pour sa dernière création, il les engage à ce qui va devenir The Factory. Il produit également un premier disque, dont il signe la pochette (la célèbre banane). L’accueil sera modeste et mitigé, les radios n’osent pas jouer sur les ondes ces chansons aux harmonies déconcertantes parlant de drogue, de sexe et de misère. Un deuxième album est enregistré, il ne se vendra pas plus. Ce manque de reconnaissance s’ajoute aux tensions déjà existantes, le Velvet entame sa précoce désintégration. Le mal est néanmoins fait : dix ans avant la déferlante punk, la cold wave et, finalement, le grunge, le mode d’emploi de ce qui va suivre a été gravé dans le vinyle.
Alors que tout portait à un récit noir, enfumé, rempli de larsens et de distorsions, Une histoire du Velvet Underground se montre sympathique et étrangement apaisé. Les différentes étapes de cette carrière d’à peine quatre ans sont racontées comme elles arrivent, sans chichi ni exhibitionnisme (pourtant, il y avait de quoi faire au niveau excès en tout genre). Les personnages se cherchent, font leur mieux des opportunités qui leur sont offertes (la rencontre avec Warhol est évidemment cruciale) et s’attellent « simplement » à rendre concrète leurs envies artistiques. Mise en page ouverte, découpage dépouillé et style graphique lâché et précis, l’auteur d’Insulaires ne tente pas de sur-expliquer ou d’intellectualiser à outrance la portée du Velvet, il se contente de raconter et c’est amplement suffisant.
Propos historiques passionnants, joli contre-pied visuel sans doute plus réaliste que les fantasmes habituels engendrés par cette époque mythique et une admiration sans borne et contagieuse pour ces pionniers, Une histoire du Velvet Underground est une lecture prenante, espiègle même et hautement addictive.
Cet album tombe dans tous les écueils d'une mauvaise biographie : n'être qu'une page wikipedia illustrée (y'a même une allusion là-dessus à la fin de la BD) et n'être qu'un objet pour les fans.
Tout ce qui aurait pu être creusé pour aller au-delà de la simple information et créer un récit est évacué un peu rapidement. On nous annonce par exemple "la plus grande relation d'amour/haine du rock'n'roll", et puis en fait, bof, rien de plus, renseignez-vous tout seul.
Le summum c'est peut-être les pages de citations qui n'apportent franchement rien et la demi-page de noms de groupes qui ont été influencé par le Velvet. Heureusement qu'il y a une blague sur U2, sinon ça aurait été à hausser les épaules jusqu'au plafond.
Après, la BD reste sympathique, il y a quelques scènes cocasses.
Correct, sans plus