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Les gens de rien Jusqu'au printemps

22/03/2021 4135 visiteurs 6.0/10 (1 note)

M arie et Louise sont inséparables. Alors que la première se méfie des hommes, la seconde veut des enfants ; elle se trouvera un mari qui lui en fera quatre. Bien qu’il soit connu que l’amour brise les amitiés, les deux copines resteront liées. La célibataire embrasse la carrière d’enseignante au primaire et travaille invariablement avec des gamins âgés de sept ans, ceux qu’elle préfère. Elle n’a jamais rencontré l’âme sœur, s’en est d’abord désolée, puis a pris goût à cette existence solitaire ponctuée d’amants de passage. Alors qu’elle est septuagénaire, Charles Masson, un oto-rhino-laryngologiste qui est également bédéiste, lui diagnostique un cancer de la gorge.

Au départ, le narrateur apparaît omniscient et le lecteur ne lui prête pas vraiment attention. Dès le deuxième acte, lequel correspond au début de la maladie, le propos se révèle celui du médecin. L'histoire n'est d’ailleurs plus vraiment celle annoncée. Fondamentalement, à travers le portrait d’une femme, il parle de lui, de sa pratique et des relations, parfois distantes, entretenues avec les malades.

Le cycle constitue le cœur de ce projet. Au premier chef celui des saisons. L’été coïncide avec la fin de la relation fusionnelle entre les amies, l’automne au verdict médical, l’hiver au combat pour assurer la survie du personnage central jusqu’à l’exact moment du solstice. En apparence libre, elle se rassure par un certain immobilisme : ne pas s’engager affectivement, systématiquement enseigner au même niveau… célébrer les premiers froids devant un traditionnel plat d’andouillettes servies dans un bouchon. Bref, sa vie ressemble à une série de recommencements rassurants.

Le coup de crayon de l’artiste se montre sympathique. Les comédiens sont presque schématiques, aisément reconnaissables à leur coupe de cheveux ou à leur tenue vestimentaire ; par exemple, tous les tricots, maillots ou robes de l’héroïne sont de la couleur des coquelicots. Le dessinateur soigne davantage ses décors, particulièrement ceux des quartiers lyonnais. Le livre adopte en bonne partie la bichromie, avec une abondance de rose et de rouge. Ironiquement, le printemps, qui marque le crépuscule, propose une déferlante de teintes.

Un récit tendre, au sens noble du terme.

Par J. Milette
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

Les gens de rien
Jusqu'au printemps

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L'avis des visiteurs

    Au Fil des Plumes Le 24/11/2023 à 21:44:59

    Marie et Louise sont deux jeunes filles, deux amies inséparables. La BD s'ouvre sur leur adolescence florissante et se poursuit avec le reste de leurs vies. Ce premier tome se focalise sur le fin de la vie de Marie et plus précisément, sur le moment où elle apprend qu'elle a un cancer.
    Ce scénario nous donne une vraie leçon d'humilité. Marie nous montre la dignité humaine. A travers son récit de vie, le lecteur découvre aussi l'humanité et le respect dont font preuve les médecins face à des personnes qui doivent vivre des choses difficiles.
    J'ai été touchée par cette histoire, par le personnage de Marie et par sa force.
    Esthétiquement, l'ensemble est très sobre. Les planches sont en noir et blanc avec quelques touches de couleurs. Il y a peu de détails mais ce choix de sobriété permet de vraiment mettre en avant le propos.
    J'ai tout simplement adoré cette BD dont je vous conseille vivement la lecture.

    Erik67 Le 15/06/2021 à 08:15:33

    J'aime bien ces histoires qui constituent des témoignages de vie. L'auteur Charles Masson est un médecin qui rapporte une rencontre qui l'avait marqué parmi tout ces patients. Il va s'intéresser à la discrète Marie qui a été diagnostiquée avec un cancer de la gorge et peu de temps restant à vivre.

    Or, sans vouloir tomber dans un régime de soins intensifs, Marie, 70 ans, voudrait pouvoir prolonger sa vie jusqu'au printemps qui est sa saison préférée afin de pouvoir en profiter une toute dernière fois.

    C'est un récit tout en humanité sur la vie des gens simples comme il peut en exister des millions. Marie, ancienne institutrice, n'avait pas fondé de famille car elle tenait à son indépendance. Elle vivait seule mais elle avait une amie depuis son adolescence. Elle avait également bien profité de la vie en la croquant à pleine dents.

    J'ai bien aimé la démarche assez humble de l'auteur Charles Masson. J'ajoute qu'on voit rarement des médecins s'occuper aussi bien de ses patients surtout dans ces moments aussi pénibles et difficiles qu'une maladie telle le cancer.

    Même le style graphique semble épouser cette façon de faire. On s'aperçoit que la colorisation va changer au fil des saisons pour atteindre toute sa beauté au printemps. A la fin, il y a comme une véritable sensation de mélancolie qui nous prend aux tripes.

    Bref, j'ai beaucoup aimé ce récit de vie car c'est touchant et plein de bons sentiments.