1838, Nicolas Koechlin poursuit son rêve, méticuleusement. Après Mulhouse - Thann qui n’est qu’un galop d’essai, il veut lancer la première ligne transfrontalière entre Strasbourg et Bâle. Mais le temps lui est compté, car il met toute sa fortune dans le projet et la concurrence est féroce…
À travers les envolées ferroviaire de cette famille de riches industriels alsaciens, Stéphane Piatzszek aborde également d’autres thématiques beaucoup plus sociétales comme la condition ouvrière liée à l’industrialisation naissante, la place des femmes au sein d’une société corsetée par leurs maris et frères, la force de ceux qui osent faire de leur rêverie une réalité… Cependant, nombre des personnages qui composent cette fresque apparaitraient presque comme l’illustration caricaturées des types sociaux supposés de l’époque (le patriarche humaniste et visionnaire, la richesse héritière rebelle, le jeune ouvrier en rupture de ban et plein d’avenir…), mais il faut convenir que le scénario met en musique les allers et venues de chacun sans surjouer. Pour rendre compte des hommes et femmes imaginés par Stéphane Piatzszek, Florent Bossard fait, pour sa part, œuvre d’un graphisme au réalisme épuré doté d'ombrages au trait agrémentés d’une mise en couleurs faite de larges aplats ; ceci concoure parfois à un léger manque d’expressivité qui donne toutefois toute sa personnalité au dessin. Visiblement plus sensible aux divers protagonistes qu’aux décors réduits à la portion congrue, le dessinateur de L'ours-Lune opte pour une interprétation quelque peu romantique du sujet qui tend à adoucir, parfois trop, la dureté de l'époque.
Dense et didactique, Kilomètre zéro est une agréable manière de s’intéresser à une période de notre Histoire sur laquelle les manuels d’école firent souvent l’impasse et à la manière dont le chemin de fer transforma la France en moins de quarante ans en combinant l’usage de la houille, de l’acier et de la vapeur.
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