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ouflaquet Président du Navarin, Zubson savante folle et Andrée la suffragette qui aime les femmes sont jetés en prison. Quelques fauteurs de trouble et adversaires hors de lui nuire, c’est tout bénéfice pour Aigrevache, l’ultra-passéiste qui s’empare du pouvoir. Pendant ce temps, Ariane et l’homme-mystère roucoulent du parfait amour. Mais ces évènements vont conduire la jeune femme, alias La voleuse du Père-Fauteuil, à prendre les choses en main pour tenter d’éviter que le pays soit livré aux mains de ceux pour qui ordre rime avec autoritarisme et loi martiale. La guerre avec la Bolonie semble par ailleurs inéluctable.
Le premier tome de La voleuse du Père-Fauteuil, L’homme mystère, avait été une bonne surprise de l’année 2002 tant il faisait preuve d’originalité. Originalité évidente dans la forme tout d’abord en introduisant un chapitrage ponctué par les manchettes de journaux et un découpage des planches en trois cases au format panoramique. Originalité également du thème. Sous un angle fantaisiste mais néanmoins crédible dans ses grandes lignes, la découverte de cette république d’opérette où s’affrontent des courants politiques caricaturaux est une réelle riche et bonne idée. L’apport d’un personnage de justicier (avec l’aura et tous les secrets qui l’accompagnent) et d’acteurs aux profils très marqués, limite outrés, ajoute au plaisir et facilite l’immersion dans cet univers assez dense.
Un an plus tard, Les heures noires était assimilable à une expérience un peu traumatisante, entièrement assumée par les auteurs. La forme n’avait pas changé sauf bien sûr pour s’adapter à la noirceur du propos et à la violence qui transpire d’évènements et de relations tout en traduisant un profond pessimisme concernant la situation de cette société et la condition de la plupart de ses citoyens.
La maison de pénitence, le tome 3, est à nouveau un vrai plaisir d’une grande richesse. N’espérez pas lire cet album en dix minutes entre deux autres trop légers. Il est nécessaire de se plonger dans les coulisses du Navarin pour apprécier pleinement celui-ci. Ce petit monde fourmille et s’agite, chacun poursuivant ses objectifs propres, même si c’est sous couvert d’idéologie ou d’utopie populaire. Les passéistes, les ultra-passéistes, les modernes et les « insoumis » se combattent, s’allient pour la circonstance, se disputent aussi des collaborateurs qui n’hésitent pas parfois à changer de camp. Bien sûr, les alliances sont parfois assises sur des affaires de cœur ou de libido comme il se doit dans les comédies débridées. Pourtant tout est maîtrisé et exposé avec la minutie et la précision indispensables à la compréhension de cet ensemble touffu.
Si elle ne bride pas l’ambition du « discours politique », la fantaisie, encore une fois, semble érigée en hygiène de vie par les auteurs. Les larges cases regorgent d’informations graphiques et textuelles. En témoigne cette scène, pure moment de créativité jubilatoire, où les personnages commentent à voix haute les péripéties qui ponctuent l’action. Un peu à la manière des inserts du cinéma muet, l’aspect poussiéreux en moins. Ici l’effet créé est à la fois efficace et hilarant d’outrance.
Rétifs aux changements, coincés de la bulle traditionnelle, ultra-passéistes de tout crin, passez votre chemin ! Militants de la « liberté maintnant », rejoignez nos rangs ! Offrez un ban à la Voleuse !
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