U
n androïde se pose en catastrophe sur une planète inconnue. Son indicateur affiche qu’il lui reste neuf mille vingt années d’énergie. C’est à la fois beaucoup et peu puisque d’ici là, il doit, tel un berger, guider la civilisation jusqu’à ce qu’elle maîtrise la technologie du saut de brane, laquelle lui permettra d’aller à la vitesse de la lumière et de planifier un retour vers son monde. Pendant des millénaires la créature parcourt la Terre pour tenter d’infléchir le cours des choses et semer la connaissance. Les hommes apprennent cependant lentement.
À travers les déboires de l’immortel, Antoine Tracqui raconte l’histoire de l’humanité en s’attardant à quelques périodes charnières où tout aurait pu basculer si l’inconscience des puissants n’avait pas tout gâché et si l’ambition de ceux qui veulent être calife à la place du calife, n’avait pas fait tomber les royaumes au prix de la perte des savoirs. Puis, la religion en rajoute en endormant les esprits. Dans Le berger, l’auteur fait le procès d’une humanité irréfléchie et guidée par ses sentiments. Cela dit, son personnage découvre que l’irrationalité, c’est aussi s’occuper des faibles et des malades. Et comme L’homme bicentaire d’Isaac Asimov, il s’humanise et remet en doute ses certitudes.
Le dessin réaliste de Sylvain Ferret convainc. L’artiste tire bien son épingle du jeu, même s’il doit illustrer une multitude d’époques avec des décors toujours différents. L’allure générale du projet apparaît sévère ; les pages sont foncées et le découpage prend la forme d’une abondance de cases souvent très étroites, bordées par une mince gouttière. Les vignettes accueillent par ailleurs de volumineux phylactères rectangulaires noirs qui contribuent également à l’austérité des planches. Tout cela traduit évidemment la pensée mécanique du protagoniste, mais le premier coup d’œil laisse une impression rébarbative, particulièrement en début d’album.
Un point de vue singulier sur l’aventure humaine ; une façon originale de la réécrire.
Un scénario éculé ; des comportements absurdes ; une logique foireuse (Hitler effectuant un test de bombe A en Pologne sans que ça se sache ? Sérieusement ???), une vendetta anti-monothéiste personnelle du scénariste sans aucun intérêt, etc.)
À lancer au beau milieu d'un feu de camp pendant que vous et vos amis sautillez et dansez tout autour en poussant des cris et en admirant les flammes.
D'ailleurs, le scénario est curieusement très semblable au film "The Man from Earth", sorti en 2007.
Rien que pour le scénario, ce nouveau tome d'Androïdes mérite déjà 20/20.
De plus, la narration de l'histoire par son "héros" est extrêmement bien construite pour nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page.
Quant au dessin, j'en ai apprécie la douceur, malgré le caractère sombre des couleurs.
Bref : beaucoup d'Histoire, et de la grande science fiction comme j'aime.