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ésormais, les femmes régissent le sort d’un monde où les rares hommes sont devenus des objets de convoitise, même pour celles qui, désertant la Ville, se sont réfugiées dans ses bidonvilles…
Prépublié initialement par Da Vinci, magazine culturel nippon, ce manga ne s’adresse pas uniquement aux amateurs du genre et peut constituer une entrée en matière pour ceux désireux de se familiariser avec les Joseis en général et Akane Torikai en particulier.
D’un trait fin en noir et blanc, tout en élégance, mis en relief par des dégradés au lavis, Le Siège des exilées délivre une partition graphique qui séduira les habitués de franco-belge. Cependant, une fois dépassée la dimension esthétique, ce sont surtout les thématiques et la manière de les mettre en scène qui retiennent l’attention… et soulèvent nombres d’interrogations. Les premières sont celles du Comment et du Pourquoi ! À ce sujet, les révélations demeurent succinctes et relèvent du postulat, à l’instar de la damnatio memoriae, qui semble frapper toute forme de sexualité hors du champ procréateur. Toutefois, limiter ce diptyque à cette unique composante serait réducteur et, en filigranes, la jeune auteure dépeint - sans pour autant aller vraiment au fond des choses - un univers dystopique qui ne ressemble pas au meilleur des mondes. Ce faisant, la mangaka désarçonne par l’importance donnée à certains aspects d’une singulière insignifiance, alors que d’autres, a priori, plus fondamentaux pour la compréhension de l’histoire ne semblent pas, du moins pour l’instant, faire l’objet d’une considération particulière.
Lourd de nombreuses interrogations existentielles, mais avec un fil rouge qui, finalement, induit un traitement ambivalent, Le Siège des exilées offre, certes, plusieurs niveaux de lecture, tout en laissant globalement sur sa faim, sauf celles et ceux pour qui ce qui est beau est vrai et bon.
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