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ébut du XXème siècle en Irlande du Nord. Laureen est une jeune domestique qui n'a pas d'autre choix que d'abandonner l'enfant qu'elle vient de mettre au monde. Avec l'héritage soudain et inexpliqué d'un vieux parchemin rédigé en langue ibérique, accompagné d'un magnifique collier Inca, c'est l'espoir de pouvoir récupérer son poupon pour l'élever dignement qui renaît. Châle sur les épaules, la pauvrette embarque clandestinement à destination de l'Amérique du Sud en ignorant qu'elle n'est pas la seule à reluquer sur ce qui semble être la fabuleuse richesse d'Atahualpa.
Inutile de fouiller dans les bacs des librairies spécialisées en bandes dessinées pour trouver une trace de Philippe Esnos. C'est au rayon «tourisme» qu'il faudra aller flâner afin de découvrir qu'il est, en réalité, un authentique «Indiana Jones» passionné par les chasses aux trésors. Ses nombreuses et incroyables aventures, pour la plupart d'entre elles retranscrites dans quelques ouvrages autobiographiques, lui valent d'être devenu, aujourd'hui, un membre à part entière du National Geographic.
Jérôme Félix (L'Héritage du Diable, L'Arche) s'appuie sur l'expérience et les conseils de ce baroudeur chevronné pour se lancer dans une série ambitieuse et dépaysante à plus d'un titre. Il y a l'époque qui propulse le lecteur au XIX siècle ainsi que les lieux qui le feront voyager de la vieille Angleterre jusqu'à l'Équateur, terre de magnificences des Incas envahie par des conquistadors, emmenés par Francisco Pizzaro, et qui se sont indûment appropriés une partie de leurs biens liés à leur histoire. Trahi, la légende dit que le second de l'empereur Atahualpa, en apprenant son assassinat par les Espagnols, aurait alors soigneusement camouflé le reste du trésor de cette civilisation dans les montagnes Llanganatis. Ainsi, le récit, bâti avec sur de nombreux rebondissements, va tambour battant, accompagnant pas à pas l'héroîne dans son dangereux périple.
Même s'il n'est pas exempt de reproche, le trait réaliste de Xavier Delaporte (Chaabi, La Nuit de l'Empereur) suffit à dépeindre les atmosphères et les contrées parcourues ainsi que la tension qui se dégage naturellement du récit. Son travail apparaît à la fois documenté sur les décors et précis pour tout ce qui concerne les tenues vestimentaires des différents protagonistes. Quant aux couleurs sobres et le découpage classique, ils accentuent considérablement la crédibilité d'un propos engageant et immersif.
Fiction posée sur des faits historiques, Laureen, le premier chapitre de L'or du bout du monde, suscite l'intérêt nécessaire pour poursuivre l'exploration.
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