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epuis qu’Adolf Hitler occupe les plus hautes fonctions, son pays prend ses aises ; tour à tour, la Sarre, la Rhénanie et l’Autriche ont été conquises. Bien que bon nombre d’Allemands se réjouissent de cette puissance retrouvée, d’autres s’inquiètent de la tournure des événements. Ils n’osent toutefois pas réagir. C’est le cas de Karl Stieg, quadragénaire, célibataire, petit salaire et sans amis. Pour tout dire, il semble transparent et ça lui convient bien. Intellectuel, il a délaissé une revue qu’il animait avec son associé, Hugo, et se satisfait désormais d’un modeste poste d’enseignant. Il sympathise avec ses voisins juifs, mais détient sa carte du Parti. Ce n’est ni un salaud ni un héros, il est plutôt un perpétuel hésitant.
Rodolphe ne l’accable pas et il ne le juge pas ; il se contente de le dépeindre comme un fonctionnaire porté par son époque. Les gens ordinaires n’ayant pas d’histoire, l’auteur le bouscule tout de même un peu. Il le pousse au pied du mur et l’incite à abattre un agresseur. La mésaventure, a priori traumatisante, l’amènera gagner en assurance. Il faudra cependant attendre le troisième tome pour voir si la métamorphose sera durable. Autour de lui gravitent des personnages aux profils davantage polarisés : imbéciles heureux, patriotes, opportunistes, victimes et, heureusement, quelques dissidents. Tous ensemble, ils constituent un microcosme de la société allemande.
Aux pinceaux, Ramon Marcos propose un dessin réaliste de belle qualité. Les décors sont chargés de détails renforçant la crédibilité de la reconstitution des lieux et de ces temps tourmentés. Avec ses lunettes, sa barbe et sa calvitie, le protagoniste a la tête de l’emploi. Le jeu des comédiens se révèle assez juste, mais les visages sont souvent sommaires. Le découpage demeure conventionnel : trois bandes, toutes de même hauteur accueillent sept ou huit cases par planche. Cette régularité n’est toutefois pas ennuyeuse en fait, l’esprit du projet commande cette cadence.
Un portrait intéressant et nuancé.
Toujours aussi captivant et réaliste: la surveillance omniprésente de la Gestapo, le secret des Camps (KL), la nécessité de la compromission pour survivre (pour la plus part) symbolisé par l'adhésion au parti nazi... sans compter les quelques fuites pouvant exister comme les photos arrachées des KL ou (et) le lettre poignante de Gertrud un tome très bien inscrit dans le contexte de 1938-1939, et toujours aussi bien dessiné. Bravo!
Pour ce second tome, on fait un bond de 6 années de plus pour se retrouver en 1939 c'est à dire à la veille de la Seconde Guerre Mondiale qui allait bouleverser le monde entier et redéfinir par la suite un nouveau monde. Il faut également dire qu'en 6 ans, l’Allemagne a gagné près de 120.000 Km3 de superficie sans tirer un seul coup de feu grâce à la perfidie et à la ruse du führer.
Notre petit professeur de littérature Karl Stieg s'est presque totalement résigné à ce nouveau régime qui impose une nouvelle vie et des règles parfois draconiennes. Il observe toute l'injustice dont ce régime fait preuve à l'égard des opposants mais surtout des juifs. Il se retrouve seul dans la vie en ayant perdu les gens qu'il aimait. On se demande comment il va parvenir à traverser cette triste époque.
Dans ce tome, on assiste progressivement à l'entrée en guerre de l'Allemagne qui a poussé le bouchon toujours plus loin en croyant que les autres pays ne bougerait pas. C'est la guerre et cela sera un vrai carnage. L'Allemagne paiera très cher le prix de cette folie ambitieuse de domination sur le monde.
La lettre qu'adresse Gertrud à notre héros m'a littéralement bouleversé. C'est très fort mais c'est malheureusement réaliste de ce que fut cette époque où le mal absolu s'est répandu.
De personnage plutôt discret et ordinaire, notre héros va évoluer dans une espèce de prise de conscience progressive. C'est assez intéressant de suivre ce cheminement qui le mettra en mauvaise posture à la fin de ce second tome. Le point fort de cette œuvre est incontestablement la nuance pour ne point sombrer dans une vision simpliste.
C'est une série que je recommande et qui est incontestablement à suivre avec le plus grand intérêt.
2ème tome d'une très bonne série qui montre la monté du nazisme depuis l'accession au pouvoir d'Hitler.
le coté totalitaire du régime n'est pas apparu tout de suite du moins pas à l'allemand moyen.
n'oublions pas que Hitler est arrivé au pouvoir par les urnes suite à une dépression économique hors normes.
si beaucoup d'allemands étaient inscrits au parti c'était pour la plupart par opportunisme.
cette série le montre bien.
le scénario est comme toujours avec Rodolphe parfaitement huilé.
bien aidé par des dessins qui, s'ils ne sont pas parfaits, sont parfaitement adaptés.
j'attends la suite avec impatience.