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l faut à tout prix refermer cette maudite brèche, sinon et d'ici peu, les démons majeurs viendront envahir la paisible cité de Surin l'éternelle pour y massacrer ses habitants ! Ce n'est pourtant pas faute d'essayer avec les plus grands mages du royaume qui se sont succédé afin de cicatriser une bonne fois pour toute cette faille. En vain, tous y ont laissé leurs baguettes magiques. Alors qui pour s'y coller ? Vlad ? Ce génie qui a disparu depuis belle lurette, caché dans les marais infestés de bestioles toutes plus dangereuses les unes que les autres ? Ah ça non, certainement pas !
Christophe Arleston, le Président Drakoo Général, continue de faire ses emplettes dans le rayon écrivain français à succès. Après Pierre Pevel (Les Artilleuses) et Gabriel Katz (La Pierre du Chaos), c'est au tour d'Olivier Gay d'emprunter la passerelle tendue par l'éditeur entre le roman de fantasy et la bande dessinée de même acabit pour faire parler ses talents de conteur. Avec cette création, et après son cycle très apprécié des Épées de glace, il poursuit l'exploration d'un genre qu'il affectionne en installant confortablement une base imaginaire prononcée. Dans un univers médiéval classique constitué d'une poignée de valeureux messires, d'un gros contingent de pleutres et d'une multitude de monstres hideux, l'auteur démontre que, même dans ce remue-ménage incessant, de l'amitié à la discorde il n'y a qu'un pas que l'amour et la jalousie peuvent remettre en question, avec leur lot de conséquences désastreuses. Les mordus de mondes imaginaires vont être copieusement servis pour y retrouver pêle-mêle, saveurs, idées et clins d'œil à Harry Potter, à ce cher Lanfeust, et, dans une moindre mesure, au Seigneur des Anneaux. Les dialogues sont croustillants, les réparties ironiques sont généreuses, s'engageant par instants à fournir une rigolade franche et soutenue au service d'une histoire prenante.
Une large palette de couleurs particulièrement chatoyantes émane des jolies planches caricaturales à forte connotation humoristique de Romain Gaschet alias GeyseR (Omnopolis, #2 d'Androides). L'alchimie séduit, convenant parfaitement au style et à l'ambiance loufoque mais néanmoins tragique décrite dans cette entame de série. Le découpage et l'empilement en superposition de certains bords de cases, prenant parfois la taille d'une page entière, accentuent la féerie visuelle.
Intrigant, enchanteur et drôle, Démonistes est, par tous les diables, un grimoire qui renferme les ingrédients nécessaires pour satisfaire bon nombre d'adeptes du genre.
Une histoire de Fantasy classique dans la lignée du Donjon de Naheulbeuk ou Reflets d'acide...
Un dessin sympa, de l'humour, un scénario rythmé, rien d'exceptionnel mais une BD distrayante.