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anfred Fürbringer, ancien nazi et créateur de systèmes de guidage pour fusées pendant la Seconde Guerre mondiale, a fui l'Allemagne. Quelques années plus tard, deux agents de la C.I.A sont chargés de retrouver l'ingénieur en Égypte où il se serait réfugié. Responsable de la mort de plusieurs centaines de déportés, il ne s'agit pourtant pas de le traduire en justice mais, au contraire, de s'attacher ses services et ses compétences à des fins militaires. Pour le débusquer et le piéger avant les Soviétiques qui lorgnent également sur ses compétences, c'est un jeune orphelin qui va servir d'appât au couple d'espions.
Frank Giroud, auteur prolifique de nombreux best-sellers tels que Louis la Guigne et Le Décalogue, s'attaque, avec l'audace qui le caractérise, à une période sombre et charnière d'après-conflit. Dans un contexte de relance économique et industrielle, les grosses puissances alors en quête de suprématie, piochent copieusement dans un vivier allemand riche en talents. Dans diverses spécialités, des scientifiques ont ainsi fait leurs preuves alors qu'ils étaient au service du Reich. Prenant soin de ne pas s'égarer en détours explicatifs inutiles pour traiter un sujet historique épineux et très controversé, la narration parvient à être d'une remarquable limpidité. C'est à partir de cette base forte inscrite dans les mémoires que l'auteur compose des personnages fictifs, se chargeant d'écrire leur histoire, certes romancée mais hautement probable. Bercés par un suspense et une tension palpables, la traque et le bon déroulement de la mission pourraient être ralentis et remis en cause avec l'apparition de sentiments.
Les planches d'Olivier Martin (Sang et Encre, Face cachée) ont été conçues pour donner une large priorité au dessin, en témoignent les nombreuses cases élargies et les brefs échanges prisonniers de bulles assez réduites. Les faciès peuvent apparaitre figés, voire trop peu expressifs mais comment ne pas savourer les arrière-plans très travaillés, constitués des paysages africains ou du Caire des années cinquante, Des atouts supplémentaires qui plaident pour la découverte de cet épisode de la Guerre froide.
Grâce à son scénario prenant et à une très bonne mise en scène, L'Agence, premier acte de La Guerre Invisible ne passera pas inaperçu.
A noter qu'il s'agit de l'ultime album scénarisé par Frank Giroud qui nous a quitté il n'y a pas bien longtemps. Encore une fois, on reconnaîtra une patte d'un récit rondement bien mené comme à son habitude. On va le regretter.
Au dessin de cette BD d'espionnage, on retrouve l'excellent trait graphique d'Olivier Martin qui réalise un sans faute pour une aventure située dans l'Egypte de l'après-guerre où se cachait la plupart des criminels nazis. Il n'y avait pas que l'Argentine comme terre d’accueil.
J'ai un bémol concernant le changement brisque d'attitude de la jolie Cassie à l'égard du petit garçon orphelin Rudi qui doit servir d'appât. Elle n'avait aucune considération pour celui-ci au début de l'aventure et puis, elle souhaite le sauver au détriment de sa vie dès qu'il est menacé à la fin de cette histoire. J'avoue ne pas avoir compris ce brusque revirement psychologique.
Une aventure qui reste assez intéressante à découvrir car en marge de l'histoire officielle.
J'attendais beaucoup de ce dernier album scénarisé par Franck Giroud, un scénario posthume que j'étais prêt à découvrir avec un mélange de confiance et de curiosité. Car je garde une profonde admiration à l'égard d'un type qui a écrit "L'Angélus" pour Homs, un authentique chef d'œuvre, un diptyque qui m'a passionné et bouleversé comme rarement en bande dessinée.
C'est donc les yeux fermés que j'ai acheté ce premier tome de "La guerre invisible".
Il s'agit une histoire d'espionnage classique et bien ficelée mais pour moi difficile a réellement apprécier à cause d'un dessin pas très inspirant. Un dessin plutôt lâché, qui se contente d'illustrer les situations davantage que de les incarner et de les faire exister par la fascination que se doit de provoquer une image pour remplir sa tâche. Dans chaque case, on voit de quoi il est question et c'est à peu près tout. C'est un peu court et s'apparente bien trop à un storyboard, une succession dessinée qui demande à prendre vie, en vain (à mon sens bien sûr, d'autres sans doute trouveront dans ce dessin une agréable représentation de ce scénario de Giroud).
C'est dommage car la mise en couleur habille agréablement le récit et vient bien souvent au secours du dessin.
Si le dessin vous inspire, foncez, n'hésitez surtout pas à découvrir cette guerre invisible. mais si comme moi celui-ci vous laisse sur le bord du chemin, vous risquez de passer à côté et de refermer l'album avec une certaine perplexité.