« J’ai fait de mon mieux pour lui montrer que je tenais à elle, mais elle était trop loin, sa détresse l’engloutissait ! »
Avec My broken Mariko, Hirako Waka plonge dans son histoire familiale et ses expériences pour livrer un manga chargé d’émotions. Inspirée des violences infligées à sa mère et portée par l'indignation comme la frustration à l’évocation des abus subis, la jeune mangaka livre un récit poignant et fort sur l’amitié, la résilience, mais également sur la culpabilité, les brutalités parentales et les silences qui les étouffent. Nourri de références occidentales, mais respectueux de la codification graphique du genre, cet album alterne les styles et se démarque par un trait fin et nerveux. Tout en variations de gris et en mouvements, le dessin intériorise la détresse et la rage de Tomoyo, toute à son désespoir de survivre au suicide de Mariko.
A priori, loin des stéréotypes traditionnellement véhiculés par les mangas tout en étant un ouvrage atypique à la probable dimension cathartique, My broken Mariko permet d’appréhender une des nombreuses facettes du Japon, loin de l’image qu’il voudrait sans doute donner de lui-même… Faut-il y voir là l’une des raisons qui ont fait de sa sortie un évènement au pays du Soleil levant ?
Pour une première œuvre de la mangaka, elle avait plutôt frapper fort au Japon lors de sa sortie car le succès fut immédiat. En effet, my broken Mariko ne laisse pas indifférent entre douleur et tristesse.
Les thèmes abordés sont le deuil, la colère, l'impuissance face au suicide d'une meilleure amie. Notre héroïne Tomoyo va faire une sorte de voyage initiatique en commençant par voler l'urne funéraire. Elle souffre moralement de la perte de cet être cher qui avait beaucoup souffert de la relation qu'elle entretenait avec son père. On peut comprendre Tomoyo mais elle va s'enfermer dans une sorte de folie rédemptrice.
J'ai également eu l'impression que la mangaka n'avait pas vraiment eu une ligne conductrice pour son récit. Je n'ai pas aimé par exemple le dénouement final qui est une action totalement ridicule et saugrenu qui vient décrédibiliser l'ensemble. Quand on fait du sérieux, il faut savoir tenir le cap.
Cela reste tout de même emprunt d'une certaine humanité dans les relations. Une œuvre engagée dans son contenu.
Pour une première œuvre, c'est vraiment réussi je trouve ! Le dessin est parfois un peu brouillon mais ça donne du charme à ce manga qui se veut chaotique
J'ai rapidement accroché à l'histoire racontée, la personnage principale est attachante, l'histoire est un peu émouvante
Je le recommande !
Sur le suicide, sujet particulièrement sensible au Japon, il y a deux approches possibles. Celle de Guillem March l’an dernier était fantastique et allégorique en se concentrant sur la suicidée. Celle de Waka Hirako se focalise sur celle qui reste, Tomoyo. la sensibilité de cette histoire est surprenante d’autant que l’autrice n’y va pas par quatre chemins: Mariko a eu une vie brisée par un père dément d’alcool, victime de violences quotidiennes, de viol incestueux et bien entendu de harcèlement psychologie culpabilisateur… Un cocktail tristement classique dans ce genre de cas et l’on comprend vite que ce suicide est un soulagement pour la victime. Le manga n’aborde pas le pourquoi ni les raisons familiales et sociétales de ce phénomène mais se concentre sur le souvenir de la disparue et la difficulté à accepter la réalité du deuil par son amie. Le scénario prend ainsi la forme d’un road-story nerveux où le trait hargneux, comique et subtile selon les séquences, accompagne magnifiquement une traversée de l’esprit fiévreux de Tomo qu’il nous est proposé d’accompagner.[...]
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