S
i l’évasion ratée des quatre otages princiers a pu rester confidentielle, l’arrestation du groupe estudiantin entendu en audience privée par Mederion provoque des remous à Angleon. Les notables siégeant au Conseil réclament la libération de leur progéniture, tandis que Terys exprime sa désapprobation au roi. Celui-ci charge alors son Ombre de questionner les prisonniers pour prouver l’existence d’un complot et en identifier les meneurs. De leur côté, inquiets, les autres étudiants font profil bas et pensent à se volatiliser dans la nature en attendant un apaisement, mais en auront-ils seulement le temps ? Au même moment, Astrelia, ramenée de force, est livrée à la Reine-mère, toujours en quête de vengeance.
Après la transition mouvementée au sein de la famille régnante, le quatrième tome des Cinq Terres avait marqué une courte pause, permettant d’observer la manière de gouverner du nouveau souverain, jusqu’à ce que l’action se précipite dans les dernières pages et laisse le lecteur en suspens. Reprenant le récit au lendemain des derniers événements, le trio qui officie sous le pseudonyme de Lewelyn montre un Mederion plus que jamais habile à la manœuvre, maniant aussi efficacement le verbe que l’autorité. Doutes et expectative se heurtent ainsi à un art consommé de la manipulation et à un opportunisme certain, ce qui rend le spectacle de ce jeu de pouvoir particulièrement intéressant et trépidant. La violence se déploie à un autre niveau, avançant masquée, pour n’éclater plus physiquement que dans la deuxième moitié de l’album. Cependant, qu’elle emprunte des biais sournois ou jaillisse dans des affrontements, elle n’en reste pas moins bien présente et engendre des fissures où viennent se glisser colère et détestation ; deux sentiments puissants qui, tant dans l’intrigue principale que dans ses ramifications, font naître la promesse d’une suite aux nombreuses possibilités.
Servant parfaitement cette histoire riche et complexe, la partition graphique partagée par Jérôme Lereculey (au dessin) et Dimitris Martinos (aux couleurs) se révèle encore une fois des plus réussies. Elle restitue avec à propos la force des passions qui animent les protagonistes, soulignant des attitudes ou accentuant les expressions afin de mieux transmettre ce qui sourd dans les cœurs. Que ce soit dans les plans larges ou plus rapprochés, par le biais d’une vue panoramique en extérieur ou intérieur, chaque planche est minutieusement travaillée et détaillée. Des appartements du palais aux rues de la cité, en passant par la caserne, les tavernes, des chambres ou un bateau, chaque lieu dégage une véritable atmosphère et permet une totale immersion.
Mené de main de maître, L’objet de votre haine confirme la très bonne qualité d’une série ambitieuse qui a prouvé qu’elle savait ménager ses effets. D'où viendra le prochain coup ? Réponse dans le sixième opus !
Ce tome apporte plus d'intensité à l'intrigue, ce qui rend le suspense de plus en plus palpitant.
Qu'il s'agisse de This, Goromio ou du peuple lui-même, on ressent la tension du scénario. Quelque chose va se passer rapidement. J
e suis vraiment pressé de le découvrir dans le prochain et dernier numéro du cycle.
Un tome moins spectaculaire, moins démonstratif mais diablement efficace. La tension monte de page en page et on sent au fil des pages que tout peu basculer à tout moment et dans n'importe quelle direction.
Chapeau pour certaines mise en page étourdissante où plusieurs destins se mêlent.
Graphiquement parfait, les auteurs préparent une fin de cycle qui promet d'être plus qu'intéressante.
On raconte que les étudiants sont en ébullition. Notre jeune et nouveau roi en aurait fait arrêter cinq qui étaient venus le trouver pour lui transmettre quelques propositions en vue d’obtenir plus de justice et d’équité. Il les aurait laissés rentrer en ville avant d’envoyer sa garde les arrêter… Depuis, nous sommes sans nouvelles d’eux. Leurs familles n’ont même pas été averties ! En quoi ce nouveau souverain est-il donc plus à l’écoute de son peuple que les précédents ? Tout ce qu’il raconte, ce n’est que du blabla pour endormir la population et, ensuite, plus facilement se débarrasser des gêneurs, moi, je dis… Mais que cela reste entre nous, hein ! Pas envie que cela arrive jusqu’à ses royales oreilles…
Le mercenaire chien a une sale gueule. Il l’avait déjà, me direz-vous, bande de petits comiques… Oui, mais là, c’est bien pire qu’avant ! Tout son côté gauche a été déchiqueté par une explosion, dirait-on. Je n’avais déjà pas envie de le rencontrer avant, mais alors maintenant que sa rage est décuplée, je préfère qu’on me traite de lâche et rester vivant plutôt que de le croiser et de quitter les miens aussi sûrement que deux et deux font quatre !
Critique :
Ce « Game of Thrones » à la sauce animale a un avantage par rapport à la fameuse série : pas de magie ! Tous les événements sont dictés par les actes des hommes.
Vous pouvez aisément jouer à un jeu : « Qui sera encore vivant au prochain album ? »
Un roi peut-il être autre chose qu’un despote, même éclairé ? N’écoute-t-il que les conseils qui vont dans le sens de ses pensées ? Sa cruauté peut-elle être justifiée par la « raison d’état » ? Machiavel lui-même apprécierait « Les 5 Terres » et les scénarios diaboliques qui s’enchaînent en laissant pantois les lecteurs.
Je ne l’ai pas encore écrit, mais, malgré que les personnages soient des animaux, ce n’est pas une série à mettre entre les mains des enfants…
Comme d'habitude, tout est parfait. La splendeur des dessins n'a d'égal que la richesse du scénario. La lecture de cette série est un vrai bonheur. A la fin de ce cinquième tome, bien malin qui pourrait prédire comment ce premier cycle des 5 TERRES va se terminer au prochain volume ...
Plus les épisodes passent plus l'intrigue devient passionnante, plus la dramaturgie s'intensifie... Un vrai plaisir de lecture. Ce n'est pas fréquent d'avoir sous la main des BD dont le scenario est si bien construit... Les dessins restent superbes
« L’objet de votre haine » est toujours mené par une écriture aussi brillante. Les joutes verbales s’enchainent et déchainent passions, trahisons et manipulations. L’orgueil léonin et la rouerie étant parfaitement incarnés par Mederion, souverain aussi dangereux qu’intelligent, et Térys, son ombre au jeu trouble. L’habileté politique sans égale du jeune roi peut à elle seule faire basculer le destin d’Angleon et c’est là toute la force du scenario qui parvient sans cesse à surprendre le lecteur.
Toutefois, on s’approche déjà de la fin du 1er cycle et je m’étonne que cet avant-dernier tome ne fasse guère avancer l’intrigue. Car ces complots fomentés dans le secret des alcôves deviennent habituels et gagneraient à être contrebalancés par un peu plus d’ampleur et d’action. Il est un peu dommage que les arcs narratifs parallèles, plus riches en mouvement, ne soient qu’entr’aperçus dans ce 5ème opus. J’espère donc que le rythme final s’accélèrera sensiblement pour nous offrir la conclusion épique que cette série mérite.
Cette série est incontestablement l'une des meilleures de ces dernières années avec un plaisir de lecture toujours aussi présent d'un tome à l'autre. On peut se féliciter d'un rythme de parution plutôt rapide et d'une qualité graphique incomparable avec des personnages animaliers qui font très humains. Que dire également d'un découpage des planches qui respectent la cohérence du scénario ? C'est époustouflant.
Dans les trois premiers tomes, on a assisté à une valse du pouvoir à Angléon avec pas moins de trois monarques différents. Depuis trois tomes, malgré la tentative d'un coup d'état, le jeune roi Méderion se maintient au pouvoir mais cela lui coûte plutôt cher. Il faut procéder à des arrestations parmi les étudiants dont la révolte était pourtant légitime. On commence à voir une césure dans son couple au sens large qu'il compose avec son ombre Térys.
A noter que c'est la critique d'un pouvoir monarchique absolue même si un conseil composé de nobles élus conseillent le monarque dans la gestion du royaume. J'ai bien aimé car on va jusqu'au fond des choses dans l'analyse de ce que doit être le pouvoir. Il s'agit de transformer une société profondément inégalitaire. Or, le jeune roi ne croit pas du tout à l'égalité. C'est un concept qui lui est étranger.
Pour autant, ses arguments sonnent comme une évidence car l'égalité n'a jamais existé dans la nature entre les forts et les faibles. Il y a également la disgrâce provoqué par la trahison familiale car on sait comment le jeune Méderion a fini par occuper le trône. Il ne croit pas non plus au peuple qui n'a aucune sagesse pour prendre les décisions qui s'imposent. Bref, on s'aperçoit qu'au bout de la logique, il ne faut pas simplement vouloir changer les choses mais le faire concrètement en accordant plus de pouvoir au peuple dans l'égalité.
Ce jeune roi veut cependant réformer les choses mais cela ne peut pas se faire du jour au lendemain. Il a besoin de temps pour abolir certains privilèges. Il a besoin également de réaffirmer son autorité pour se maintenir au pouvoir et ne pas être destituer de ses fonctions. Il sait qu'une minorité active et déterminé peut faire basculer une majorité indécise. On l'a vu récemment avec les partisans de Donald Trump au sein de la plus grande démocratie au monde. Il s'agit pour le jeune roi de ne pas remettre en cause les institutions. Plus que jamais tout ces thèmes sont d'actualité au sein même de notre monde. C'est en cela que cette série fort intelligente pose les bonnes questions.
L'objet de votre haine ne sera pas l'épisode le plus riche de la saga mais certainement le plus remarquable pour la qualité de son univers.
Plus politisé et moins centré sur l'action, ce cinquième tome nous décrit, avec brio, tout les problèmes liés au pouvoir et ce qui en résulte.
La haine, l'envie, la vengeance et l'orgueil sont bien présents, latents, près a éclater !!!
Suite à la lecture de cet avant dernier album sur l'île d'angleon et son peuple, je me garderais bien d'en deviner l'épilogue car moults scénarios sont possibles et envisageables... Et c'est cela que j'apprécie et qui est magistralement orchestré par toute l'équipe des 5 Terres.
Vivement la suite !!!!