I
l y a fort longtemps que les Antilles françaises produisent des bananes, en grande partie exportées vers la métropole. Mais voilà que le charançon du bananier menace les plantations. Heureusement qu’il y a le chlordécone. Interdit aux États-Unis dès 1976, l’insecticide sera utilisé en Guadeloupe et en Martinique jusqu’en 1993. Après toutes ces années, il demeure présent dans les champs, les eaux, les animaux et les gens. En fait, la contamination persistera pendant des siècles.
Jessica Oublié mène l’enquête ; au fil de ses recherches, elle rencontre cent trente-six activistes, juristes, politiciens ou paysans. Plus elle creuse, plus le sujet devient complexe. Les enjeux sont économiques, écologiques, politiques, financiers et de santé publique. En braquant les projecteurs sur les ravages causés par la production intensive des bananes, l’auteure parle d’un mode d’exploitation intenable. Ce qui est vrai pour le fruit jaune l’est certainement pour les pommes, les oranges, les poulets et les bœufs.
La démonstration apparaît solide, bien articulée et convaincante. Du projet se dégage toutefois une
certaine lourdeur. Le texte est copieux, les sigles et les acronymes pullulent (une cinquantaine sont répertoriés) et les références multiples (quatre pages de notes en petits caractères en fin d’album). Bref, la journaliste ne fait pas dans le livre de détente.
Le dessin de Nicola Gobbi, à la fois réaliste et naïf rappelle, par exemple, celui de Clément Oubrerie dans Aya de Yopougon. La démarche reposant sur de nombreuses entrevues, les illustrations se montrent souvent statiques : la reporter discute avec un intervenant dans son bureau, son laboratoire ou sa parcelle agricole. L’artiste fait tout de même de son mieux pour donner du rythme au reportage en incluant photos, schémas, situations inextricables décrites à l’aide d’un jeu de société ou encore une planche présentant sous la forme des trois singes de la sagesse les neuf ministres de l’environnement (dont Jacques Chirac, Édith Cresson et Michel Rocard) en poste pendant que les deux territoires se faisaient empoisonner.
Un propos important, mais dense. Peut-être aurait-il fallu l’alléger en offrant davantage de pauses au bédéphile qui n’est pas nécessairement spécialiste des questions environnementales.
C'est un documentaire sous forme de BD qui retrace le scandale du chlordécone dans les Antilles française à savoir la Martinique et la Guadeloupe. Je n'en n'avais jamais entendu parler et pourtant, c'est quelque chose d'énorme. Je ne suis sans doute pas assez attentif mais cette lecture a comblé ma lacune en la matière.
En gros, pour favoriser le commerce florissant de la banane dans les Antilles qui était menacé par la concurrence africaine, on a appliqué un pesticide, le chlordécone qui a été largement utilisé entre 1972 et 1993.
On a voulu protéger le commerce dans les Antilles mais cela s'est fait au détriment de la population de ces îles qui a été contaminé par cette pollution dans des proportions assez effrayantes. Du coup, on recherche le coupable qui avait voulu œuvrer pour le bien en protégeant l'économie de ces îles.
C'est une BD qui explique bien le problème et qui est très convaincante. Cependant, elle très et parfois trop longue. Il y a un gros passage sur les effets nocifs. On verra les différents acteurs comme les producteurs et les travailleurs du commerce de la banane, les politiques, les scientifiques, les avocats et les victimes.
Dans un monde où le souci écologique et environnemental prend de plus en plus d'importance, ce désastre est un marqueur. Il y a toujours la même idée derrière : avoir conscience du poids écologique et ne consommer que ce dont on a réellement besoin dans une vie où il faudrait à chaque fois faire attention à notre consommation.
J'avoue que pour ma part, après avoir connu malheureusement la pauvreté durant ma jeunesse, je ne me sens pas prêt à ce saut en arrière en terme de privation. Hier, je lisais que les 63 milliardaires de France valent à eux seules la moitié de la population française en terme de gaz à effet de serre. Je dis ça et je ne dis rien...
L'exploitation de la nature est liée à l'exploitation des êtres humains. Il faut des lois rigides qui encadrent cela. Le vrai problème pour moi est l'inégalité des richesses ce que souligne d'ailleurs également la réflexion que mène l'auteure dans ce gros ouvrage. Une minorité a choisi de produire des bananes et à imposer à une majorité de vivre sur des terres contaminées. Il s'agit bien évidemment e garantir la pérennité des écosystèmes mais également d'avoir une justice sociale.
Bon, je ne vais pas m'étendre sur ce vaste débat. Disons que cette BD est très intéressante pour ceux qui intéressent à notre avenir sur la planète.