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erbert a eu une idée afin d’améliorer l’expérience « donjon » des visiteurs : une section réservée aux enfants où les aventuriers-parents peuvent déposer leur progéniture pendant qu’ils partent en chasse de trésors ! C’est-y pas génial comme concept ? Même le Gardien l’a félicité. Pour Marvin, c’est le coup des épées en mousses et les pièges en carton-pâte qui ne passent pas. Quel rabat-joie celui-là ! Tout est sous-contrôle, Grogro est de la partie et a mis un beau costume, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?
Continuations des séries principales, ajouts d’époques inédites, redémarrage des Monsters, il ne manquait qu’un sixième Donjon Parade pour que la machine imaginée par Lewis Trondheim et Joann Sfar soit à nouveau complète. C’est chose faite avec l’arrivée de Garderie pour petiots. Petites fantaisies prenant part entre les deux premiers tomes de Zénith, les Parade jouent la carte de la récréation avec un ton plus léger orienté jeunesse. Les intrigues servent surtout à aligner d’innombrables moments de rigolades plus ou moins gratuits tout en renforçant, si c’était vraiment nécessaire, la cohésion interne de la collection. Humour énorme, situations abracadabrantesques à souhait et dialogues aux petits oignons (le couple Herbert-Marvin fonctionne à plein régime) font de cet album une parfaite respiration avant de se replonger dans les arcanes insondables de la plus grande saga de la bande dessinée franco-belge.
Cerise sur le gâteau, c’est le talentueux Alexis Nesme qui prend la suite de Manu Larcenet pour illustrer cette histoire d’halte-garderie ©IKEA ré-arrangée à la technique Grogro. Le résultat est évidemment somptueux. Richesse des textures, incessants jeux d’ombres et de lumières, maîtrise totale des espaces et des volumes (les vues plongeantes et contre-plongeantes de l’Escalier de la terreur !), le dessinateur semble s’être régalé en illustrant cette fable et le lecteur en profite. Sur un plan plus terre-à-terre, Nesme s’est adapté sans aucune difficulté à cet univers unique et offre une version à la fois très personnelle et totalement intégré au reste du corpus. Tous les protagonistes sont immédiatement reconnaissables, petites mimiques comprises.
Pleinement dans le ton décalé propre à cette sous-série, Garderie pour petiots s’avère être un sans-faute. Le trait généreux, presque trop au vu de l’ambition du récit, d’Alexis Nesme transforme l’exercice en une jouissive descente baroque dans les entrailles de la vénérable institution chère à Hyacinthe de Cavallère. Zongo !
D'abord les illustrations superbes d'Alexis Nesme sont les atouts principaux de l'album. La lumière et les pastels, les perspectives et les profondeurs, tout ici nous rappelle des enluminures modernes car Donjon est d'abord de l'héroïque fantaisie avec les lois du moyen Age fantasmées par les légendes. Et Nesme est un orfèvre dans les décors et les personnages mais surtout dans cette reprise moderne des illustrations de cette époque. Du grand art et un vrai plaisir visuel absolu.
Ensuite le scénario à la fois surprenant et prévisible. Trondheim et Sfar ont une archi bonne idée scénaristique dans le principe de la halte garderie pour parents guerriers. Les ressorts ne pourront que être drôles ( et c'est le cas!), violentes ( et c'est le cas avec la mort d'enfants et le traitement humoristique de la chose) et détonantes ( avec le comportement de nos monstres pas toujours gentils face aux caprices et perfidies de ces rejetons-là). Clairement Sfar et Trondheim se s'empapouillent pas du politiquement correct et s'amusent des concepts psychologiques sur la protection de l'enfance au travers du comportement d'Herbert, psychologue de comptoir.
Mais malgré de très bonnes idées et un humour toujours pêchu, la narration est assez convenue. J'aurais préféré une histoire avec de vrais enfants innocents face à la violence mortifère du Donjon ( qui est un peu celle de la vie) mais les auteurs ont choisis le complot et des minots pas si chérubins. Dommage.
Alors la lecture est agréable, sans temps mort, infiniment drôle et aux ressorts certes convenus pas toujours logiques ( comment font les enfants pour retrouver leurs parents dans cette immensité qu'est le Donjon par exemple) mais efficace.
C'est un donc un bon donjon qui n'as pas osé.
L'un des bons Donjon Parade, selon moi! L'idée de base est drôle et bien pensée et l'histoire demeure très divertissante jusqu'à la fin. Les dessins sont très beaux, faits aux gouaches, acryliques et encres! Comme la plupart des Parade, ce n'est pas un mets principal, mais un à-côté qui fait plaisir.
Sfar et Trondheim ressortent un Donjon Parade 14 ans après...
C'est toujours très sympa et drôle même si le scénario est très léger.
Les dessins de Nesme sont intéressant et j'ai trouvé la pochette de l'album génial.
Si le dessin d’Alexis Nesme est réellement éblouissant, j’avoue quand même regretter la patte de Manu Larcenet, dont le trait correspondait pour moi pleinement à l’esprit « Donjon Parade », léger, potache et rigolard. Difficile cependant de se plaindre et de faire la fine bouche quand on voit ce que Nesme arrive à faire, comment il parvient à donner corps au Donjon et à ses habitants, qui n’ont jamais paru aussi réels que sous ses crayons.
Côté scénario on retrouve avec plaisir le quotidien du Donjon, dans une histoire bien décalée et bien drôle, assez inattendue mais tout à fait dans l’esprit « Donjon Parade ». C'est bien crétin comme il faut, avec un humour noir, cynique, bête et méchant, très politiquement incorrect; bref tout à fait jubilatoire ! Herbert est parfait dans son rôle de G.O. dépassé par les événements et Marvin en casseur d'ambiance qui ne supporte pas les mioches également.