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um est un barde, obnubilé par le but qu'il s'est fixé ; sauver Serka, sa dulcinée. Il arpente les plaines d'un endroit qui n'est plus le même depuis « l'Extinction ». Désabusé et légèrement peureux, il regarde avec mélancolie se déliter un monde dans lequel la magie s'essouffle et où personne ne croit plus en rien. Heureusement pour lui, il peut toujours essayer de coucher sur le papiers les évènements qu'il traverse.
Sous ses allures Heroic-Fantasy des plus classiques, Coda apparait bien vite comme un récit à part. Graphiquement tout d'abord, Matias Bergara propose des planches aux couleurs vives qui tranchent avec les ambiances sombres et ternes habituelles du genre. Le trait du dessinateur uruguayen, qui rappelle le travail de James Harren sur Rumble, possède une personnalité forte. Dynamique et précis, il peint un monde merveilleux d'où les dragons, les Ylfes et toutes les créatures magiques ont quasiment disparu. Mais cela n'empêche pas l'artiste d'avoir toutes une galerie de bestioles et de personnages aux apparences originales. Il montre également une belle inventivité dans ses cadrages et ses angles, ce qui lui permet de donner à ses chorégraphies de combats ou aux courses poursuites de la vitesse, tout en gardant une belle lisibilité.
L'ouverture de l'histoire imaginée par Simon Spurrier (The Power of the Dark Crystal) désarçonne. En (ab)usant de la voix-off, le scénariste plonge d'emblée ses lecteurs au cœur d'une intrigue riche sans leur en donner toutes les clés. Très vite, il apparait que l'abondance de textes (notamment des monologues) caractérisera une narration qui oscille avec malice entre les genres. L'auteur se sert du journal intime de Hum comme d'un prétexte pour écrire à sa moitié ce qu'il n'ose lui dire et adopter un point de vue interne, tantôt mélancolique et introspectif, tantôt cynique et décalé. Cette idée imprime le tempo de l'aventure, en insérant des moments plus calmes au milieu des explosions et des batailles. Les scènes d'action laissent ainsi la place à des échanges entre le héros et ceux qu'il croise qui ouvrent des réflexions sur la nature des gens. L'occasion pour le personnage principal d'exprimer ses doutes, d'entendre des reproches ou d'admettre ses erreurs, et provoquer l'empathie. Ce n'est pas de trop, tant la construction éclatée de la trame rend l'immersion tardive.
Fantasy débridée et ébouriffante, Coda assume son côté extravagant avec un certain style. Il ne plaira pas à tout le monde, mais celles et ceux qui feront l'effort d'embarquer pour ce voyage ne le regretteront pas.
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Oh que ça fait du bien de la fantasy hyper colorée et pas trop sérieuse. C'est sûr on est pas au niveau de Servitude mais on se rapproche de la Q. de l'Oiseau ... en plus dynamique. Un très bon moment de lecture.
Je me suis assez profondément ennuyé en lisant ce gros pavé. Pendant la lecture, j'en blâmais cette narration à deux étages, construction pseudo-psychologisante, où les dessins sont soulignés par la voix-off du barde, dépressif et en constante auto-analyse.
Mais à la fin du recueil, je crois surtout que ma lassitude vient de la faiblesse de l'histoire qui, bien qu'étirée sur 336 planches, donne peu à retenir sur son Univers et ses personnages.
La trame principale est ce complot dont même l'instigatrice hésite finalement quant à sa finalité.
Mais surtout le liant devrait être cette relation amoureuse, entre le barde alcolo-dépressif-mal-rasé et l'ogresse, à laquelle on ne croit malheureusement pas. "Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour", dit-on ; cette histoire en manque beaucoup.
Les planches, soignées et très chamarrées, rattrapent assez l'ensemble.