« Nous ne serons pas ceux qui ont laissé Notre-Dame s’abattre comme un château de cartes devant le monde entier, c’est impossible. »
Le 15 avril 2019 en début de soirée, un incendie se déclare sur l’île de la Cité. Pendant quelques heures, six cent cinquante pompiers combattent les flammes. Simultanément, une petite équipe de sapeurs spécialisée dans la préservation du patrimoine s’active à préserver trésor et reliques, notamment la Sainte Couronne et un fragment de la Vraie Croix. Les badauds retiennent leur souffle.
Arnaud Delalande livre un scénario en forme de merci aux paladins qui ont risqué leur vie pour sauver un symbole. Il les met en scène au front, avec leurs craintes, leur détermination, leur témérité et leurs moments de découragement. La narration est judicieusement entrecoupée de segments historiques rappelant le travail des bâtisseurs d’il y a huit siècles, mais également le commerce des envoyés de Louis IX qui ont acquis les objets précieusement conservés dans le lieu de culte. Si la vieille dame rend l’âme, c’est tout un pan de l’histoire qui partira en fumée.
Un emblème pourrait disparaître, le brasier est intense, la toiture s’effondre et tous craignent que la façade fasse de même. Il n’y a pourtant pas beaucoup de représentations de la cathédrale dans cet album. Cédric Fernandez choisit plutôt de braquer les projecteurs sur les acteurs qu’il représente très souvent en gros plan. Un peu comme s’il souhaitait que tous se souviennent qu’au-delà du monument, il y a les gens. Les ouvriers qui l’ont bâti, les héros qui le défendent, sans oublier les architectes et menuisiers appelés à le reconstruire… paraît-il d’ici les Jeux Olympiques de 2024, comme l’a promis Emmanuel Macron, alors que les ruines étaient encore fumantes.
Un hommage au genre humain, avec en toile de fond une partie de son héritage menacé.
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