Middlewest 1. Anger

A bel a tout du gamin courageux à qui rien ne sourit. Élevé par son paternel depuis le départ de sa mère, il se lève tous les matins aux aurores pour aller livrer les journaux avant d'aller à l'école. Malheureusement, l'une des rares fois où il rate le réveil, son père entre à nouveau dans une colère noire et le punit tout le week-end. Accompagné de son renard, Abel va quand même rejoindre ses copains sans se douter qu'il signe le début d'une folle aventure pleines de dangers et de... magie.

Skottie Young le confie dans la préface, il a beaucoup puisé dans sa propre enfance pour définir le cadre de son récit. C'est en partie pour cette raison que ce Midwest, ses champs et ses fermiers semblent si réels. Grâce au trait stylisé et précis, de son complice, Jorge Corona, et au merveilleux travail de colorisation et sur la luminosité (quels cieux !) de Jean François Beaulieu, cette sensation est encore plus prégnante. Bien sûr, avec l'irruption de la touche fantastique promise comme élément déclencheur, il devient rapidement évident que l'histoire d'Abel ne sera pas commune, mais force est de constater que la mayonnaise prend. L'attention est captée et la curiosité piquée.

Pourtant, le schéma semble classique et les ingrédients habituels ; un gamin, qui malgré ses efforts pour plaire à son père, se sent rejeté, un manque d'information sur l'absence de la mère qui ouvre la porte à toutes les hypothèses et des phénomènes surnaturels, aux origines anciennes et troubles. L'intérêt vient de la facilité avec laquelle ces éléments s'emboîtent et les évènements s'enchaînent pour construire un monde magique, doser le suspense et placer les rebondissements. Une narration claire, à l'image du découpage et un réel sens du rythme permettent aux auteurs de plonger sans problème leur lectorat dans cette aventure. Le duo entre le héros et son faire-valoir fonctionne bien, notamment grâce à des dialogues plein d'humour, et les personnages secondaires sont tous bien trouvés, autant dans leur apparence que dans leur caractérisation.

Anger n'est certes pas dénué de défauts mais ses qualités lui donnent un charme indéniable. Avec une intrigue prenante et un tempo soutenu, l'ensemble lance Middlewest sur de très bonnes bases. La série étant terminée en VO depuis juillet, il reste à souhaiter que les deux autres opus arrivent rapidement.

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