P
yrrha a le combat dans le sang. Normal, pour une Spartiate ! D’ailleurs, elle vient de mettre une raclée à Mégapinthes, le rejeton crâneur du roi Ménélas. Elle en est toute fière jusqu'à ce qu'elle qu’ils doivent se marier prochainement et que son rôle se limitera à engendrer des futurs guerriers. Refusant cette perspective, la jeune fille se voit proposer une issue par le dieu Hermès. En contrepartie, il lui suffira de tuer un certain Achille, ce qui permettra d’éviter un bain de sang. Accompagnée d’Athilios, ancien esclave de son fiancé, Pyrrha part en quête de sa cible. Manque de pot, celle-ci est invincible, l’homme qu’elle fuit la talonne et une autre divinité, Arès, est de la partie. L’affaire n’est pas gagnée !
Toujours inspirante, la mythologie grecque trouve, sous la plume de Charlotte Rousselle et le dessin d’Elisabeth Jammes, une nouvelle déclinaison, humoristique et féministe. En effet, la scénariste s’appuie sur un épisode légendaire - racontant comment, contraint par sa mère, Achille s’est travesti en fille pour échapper à la guerre de Troie -, afin de le détourner et de livrer une aventure axée sur une héroïne fougueuse et véritable garçon manqué. Le jeu de rôle (et de robe) fonctionne à plein régime et donne lieu à quelques quiproquos amusants, d’autant plus que Pyrrha, comme son compagnon d’aventure se révèlent sympathiques. Toutefois, et bien que cela prête à sourire, la bêtise crasse des mâles spartiates et la kyrielle de déconvenues que cela entraîne pour eux finit par sembler forcée et exagéré. En outre, tout va très vite et le lecteur est emporté par un tourbillon de rebondissements, qui sont fort heureusement entrecoupés de rares passages plus posés permettant de souffler.
Le graphisme sert efficacement le propos. Le découpage assure une bonne lisibilité, tandis que les cadrages vont à l’essentiel. Le trait, quant à lui, s’avère expressif et dégage une joyeuse impression d’énergie, notamment à travers des personnages qui s’agitent dans des décors succincts. Seules quelques perspectives anatomiques paraissent moins réussies. Enfin, le tout s’accompagne des couleurs en aplats de Matthieu Martin dont le choix de teintes assez franches permet de bien faire ressortir les éléments.
Grâce à son héroïne qui entre avec fracas dans l'arène, Spartiate offre une variation intéressante à un mythe connu, malgré quelques bémols.
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